La mère de famille évoque "un très bon garçon", un fils timide et studieux, qui "l'aimait profondément". Ce n'est qu'à l'âge de 20 ans qu'il se tourne vers la religion, alors qu'il étudiait l'économie à l'université du roi, Abdulaziz de Djeddah. "Les gens à l'université l'ont changé, il est devenu un homme différent", raconte la femme de 84 ans. Il fait alors la rencontre d'Abdullah Azzam, un membre des Frères Musulmans qui devient son mentor.
Alia Ghanem affirme au Guardian que son fils aurait alors subi "un lavage de cerveau", commis par les membres d'une "secte". "Je lui disais toujours de s'éloigner d'eux. Il ne m'a jamais avoué ce qu'il faisait parce qu'il m'aimait trop", insiste-t-elle.
"On avait tous très honte de lui"
En 1980, Oussama Ben Laden se rend en Afghanistan pour combattre les Russes. Une initiative applaudie par sa famille et le gouvernement saoudien, qui le "traitait avec énormément de respect". Son demi-frère Hassan oscille entre admiration et incompréhension. "Je suis très fier de lui parce qu'il était mon grand frère. Il m'a beaucoup appris. Mais je ne pense pas être très fier de l'homme qu'il était. Il a atteint une notoriété mondiale, tout ça pour rien", s'indigne-t-il.
La famille voit Oussama Ben Laden pour la dernière fois en 1999, soit deux ans avant les attentats du 11 Septembre. Un sujet sensible pour Alia Ghanem, selon ses fils. "Même si le 11 Septembre a eu lieu il y a dix-sept ans, elle reste dans le déni. Elle aime tellement son fils qu'elle refuse de le blâmer (...). Elle ne connaît que la facette du gentil garçon, celle que l'on voyait tous. Pas celle du djihadiste", confie l'un d'entre eux.
Ils expliquent avoir tout de suite su que leur frère, Oussama, était à l’origine de l’attaque contre les tours jumelles du World Trade Center à Manhattan. "Vieux et jeunes, on avait tous très honte de lui. On a tous su qu'il y aurait des conséquences terribles pour notre famille, raconte le demi-frère d'Oussama Ben Laden, Ahmad. Ils avaient alors été interrogés par les autorités saoudiennes, qui leur avaient interdit de quitter le pays. Aujourd'hui, la famille peut se mouvoir "relativement librement" hors de l'Arabie saoudite.