Les autorités ivoiriennes ont lancé le 23 décembre 2019 un mandat d'arrêt international contre l'ancien Premier ministre et ex-président de l'Assemblée nationale Guillaume Soro. Il est le premier candidat déclaré à l'élection présidentielle de 2020.
Les élections présidentielles de 2020 s'annoncent tendues en Côte d'Ivoire. Après l'expulsion de la Suisso-Camerounaise Nathalie Yamb, la conseillère de Mamadou Coulibaly, chef du parti d'opposition Liberté et démocratie pour la République (Lider) pour "activité incompatible avec l’intérêt national" , c'est au tour de Guillaume Soro, ancien Premier ministre et ex-président de l'Assemblée nationale qui a annoncé sa candidature au prochain scrutin présidentiel, de faire l'objet d'un mandat d'arrêt international. Il a été émis le 23 décembre 2019 par les autorités ivoiriennes alors que Guillaume Soro, président du mouvement citoyen Générations et Peuples Solidaires (GPS), était attendu en Côte d'Ivoire par ses partisans.
Une information judiciaire a été ouverte contre le responsable politique "pour présomptions graves de tentative d’atteinte contre l’autorité de l’Etat et l’intégrité du territoire national, de recel du détournement de deniers publics et de blanchiment de capitaux", selon le procureur de la République Richard Adou qui s'est exprimé sur les antennes de la télévision nationale. Quinze personnes proches de Guillaume Soro, dont le député Alain Lobognon, avaient été arrêtées plus tôt dans la journée.
Accusés de fomenter des coups d'Etat
L'actuel président Alassane Ouattara et Guillaume Soro semblent désormais engagés dans un duel politique. En quelques heures, par personnes interposées, les deux hommes se sont accusés des mêmes forfaits. Au lendemain de l'annonce de l'émission du mandat d'arrêt contre lui, Guillaume Soro a révélé par la voix d'une cadre de son mouvement, Me Affoussiata Bamba-Lamine (vers 2'46 dans la vidéo), que le coup d'Etat de 2002 – il a abouti à la partition de la Côte d'Ivoire et à une crise post-électorale majeure qui a fait plus de 3000 morts en 2011 –, avait été organisé "pour le compte" d'Alassane Ouattara. En réponse aux accusations de "déstabilisation", Guillaume Soro a ainsi fait savoir qu'il n'en "reconnaît" qu'une, "celle du 19 septembre 2002 pour le compte de l'actuel président de la République". Guillaume Soro était le porte-parole de la rébellion des ex-Forces nouvelles en 2002.
Le procureur Richard Adou avait annoncé, lui, le 23 décembre détenir "un enregistrement sonore, établissant clairement que le projet (de déstabilisation qui aurait été ourdi par Guillaume Soro) devait être mis en œuvre incessamment". Il l'a produit trois jours plus tard lors d'une conférence de presse où il accuse Guillaume Soro d'être à l'origine "d'un complot qui devait aboutir à une insurrection civile et militaire". Dans le document, on peut y entendre l'ancien Premier ministre se vanter d'avoir plusieurs élements des forces de sécurité ivoirienne avec lui, notamment les "com-zone" qui sont les anciens chefs militaires de la rébellion de 2002. Ces derniers ont été depuis intégrés à l'armée régulière ivoirienne.
En réponse aux accusations de la justice ivoirienne contre Guillaume Soro, Me Affoussiata Bamba-Lamine a affirmé (dans la vidéo vers 1'29) que l'enregistrement produit par le procureur "date de l'année 2017" et que le responsable politique, se sachant piégé par le régime ivoirien, avait joué le jeu. "Pourquoi l'exhumer aujourd'hui, quasiment trois ans après ?", s'interroge-t-elle, d'autant que le document audio serait incomplet.
Ce n'est pas la première fois qu'une conversation embarrassante pour Guillaume Soro est rendue publique. La dernière fois, l'écoute tentait de démontrer qu'il était impliqué dans le coup d'Etat manqué de 2015 au Burkina Faso. Son interlocuteur n'était autre que l'ancien ministre burkinabè des Affaires étrangères Djibril Bassolé. Ce dernier, actuellement en résidence surveillée au Burkina Faso, a été condamné en septembre 2019 pour "atteinte à la sûreté de l'Etat" et "meurtre".
En Côte d'Ivoire, le régime d'Alassane Ouattara se retrouve aujourd'hui sans ses principaux alliés. Pis, ses adversaires se multiplient à l'issue de divorces politiques qui se font de plus en plus houleux. Celui avec le Parti démocratique de Côte d'Ivoire de l'ancien président ivoirien Henri Konan Bédié l'avait été mais, lui, ne fait l'objet d'aucun mandat d'arrêt. Pourtant, les points de discorde avec Alassane Ouattara sont les mêmes : la non-reconduction de l'alliance politique qui l'a porté au pouvoir en 2010, puis en 2015.
Alliés d'hier, ennemis d'aujourd'hui
L'actuel président ivoirien laisse d'ailleurs planer le mystère sur une candidature éventuelle à la prochaine présidentielle. "La Côte d'Ivoire appartient aux prochaines générations, a affirmé Alassane Ouattara le 30 novembre 2019 lors d'un meeting. Mais comme je vois des hésitations au niveau de certains de ma génération, c'est pour ça que je n'ai pas encore avancé ma decision. Je ne veux pas que la Côte d'Ivoire retourne entre les mains de ceux qui ont détruit notre pays, ceux qui ont gaspillé les biens publics". "Si eux (ceux de sa génération, à savoir les anciens présidents Laurent Gbagbo et Henri Konan Bédié), ils décident d'être candidats, alors je serai candidat", a indiqué le président ivoirien. Dans le cadre du changement constitutionnel de 2016 (la Constitution de la 3e République a été officiellement promulguée le 8 novembre 2016), Alassane Ouattara pourrait prétendre à un deuxième mandat, mais en réalité ce serait son troisième depuis 2010.
"Depuis quelques semaines la tension politique et sociale est montée d’un cran", note la Plateforme des organisations de la société civile pour l’observation du processus électoral (POECI) dans un communiqué publié le 26 décembre. "La POECI constate avec regret des actes contraires aux principes démocratiques en Côte d’Ivoire. Cet état de fait qui peut entraîner une implosion de la situation sociale faisant place à des remous sociaux appelle la POECI à une vive réaction, et lui fait craindre un processus électoral qui pourrait être entaché de violences voire d’une crise". Pour les Ivoiriens, 2020 sera encore une année politique cruciale sur laquelle le spectre de la crise post-éléctorale de 2011 plane déjà.
Les élections présidentielles de 2020 s'annoncent tendues en Côte d'Ivoire. Après l'expulsion de la Suisso-Camerounaise Nathalie Yamb, la conseillère de Mamadou Coulibaly, chef du parti d'opposition Liberté et démocratie pour la République (Lider) pour "activité incompatible avec l’intérêt national" , c'est au tour de Guillaume Soro, ancien Premier ministre et ex-président de l'Assemblée nationale qui a annoncé sa candidature au prochain scrutin présidentiel, de faire l'objet d'un mandat d'arrêt international. Il a été émis le 23 décembre 2019 par les autorités ivoiriennes alors que Guillaume Soro, président du mouvement citoyen Générations et Peuples Solidaires (GPS), était attendu en Côte d'Ivoire par ses partisans.
Une information judiciaire a été ouverte contre le responsable politique "pour présomptions graves de tentative d’atteinte contre l’autorité de l’Etat et l’intégrité du territoire national, de recel du détournement de deniers publics et de blanchiment de capitaux", selon le procureur de la République Richard Adou qui s'est exprimé sur les antennes de la télévision nationale. Quinze personnes proches de Guillaume Soro, dont le député Alain Lobognon, avaient été arrêtées plus tôt dans la journée.
Accusés de fomenter des coups d'Etat
L'actuel président Alassane Ouattara et Guillaume Soro semblent désormais engagés dans un duel politique. En quelques heures, par personnes interposées, les deux hommes se sont accusés des mêmes forfaits. Au lendemain de l'annonce de l'émission du mandat d'arrêt contre lui, Guillaume Soro a révélé par la voix d'une cadre de son mouvement, Me Affoussiata Bamba-Lamine (vers 2'46 dans la vidéo), que le coup d'Etat de 2002 – il a abouti à la partition de la Côte d'Ivoire et à une crise post-électorale majeure qui a fait plus de 3000 morts en 2011 –, avait été organisé "pour le compte" d'Alassane Ouattara. En réponse aux accusations de "déstabilisation", Guillaume Soro a ainsi fait savoir qu'il n'en "reconnaît" qu'une, "celle du 19 septembre 2002 pour le compte de l'actuel président de la République". Guillaume Soro était le porte-parole de la rébellion des ex-Forces nouvelles en 2002.
Le procureur Richard Adou avait annoncé, lui, le 23 décembre détenir "un enregistrement sonore, établissant clairement que le projet (de déstabilisation qui aurait été ourdi par Guillaume Soro) devait être mis en œuvre incessamment". Il l'a produit trois jours plus tard lors d'une conférence de presse où il accuse Guillaume Soro d'être à l'origine "d'un complot qui devait aboutir à une insurrection civile et militaire". Dans le document, on peut y entendre l'ancien Premier ministre se vanter d'avoir plusieurs élements des forces de sécurité ivoirienne avec lui, notamment les "com-zone" qui sont les anciens chefs militaires de la rébellion de 2002. Ces derniers ont été depuis intégrés à l'armée régulière ivoirienne.
En réponse aux accusations de la justice ivoirienne contre Guillaume Soro, Me Affoussiata Bamba-Lamine a affirmé (dans la vidéo vers 1'29) que l'enregistrement produit par le procureur "date de l'année 2017" et que le responsable politique, se sachant piégé par le régime ivoirien, avait joué le jeu. "Pourquoi l'exhumer aujourd'hui, quasiment trois ans après ?", s'interroge-t-elle, d'autant que le document audio serait incomplet.
Ce n'est pas la première fois qu'une conversation embarrassante pour Guillaume Soro est rendue publique. La dernière fois, l'écoute tentait de démontrer qu'il était impliqué dans le coup d'Etat manqué de 2015 au Burkina Faso. Son interlocuteur n'était autre que l'ancien ministre burkinabè des Affaires étrangères Djibril Bassolé. Ce dernier, actuellement en résidence surveillée au Burkina Faso, a été condamné en septembre 2019 pour "atteinte à la sûreté de l'Etat" et "meurtre".
En Côte d'Ivoire, le régime d'Alassane Ouattara se retrouve aujourd'hui sans ses principaux alliés. Pis, ses adversaires se multiplient à l'issue de divorces politiques qui se font de plus en plus houleux. Celui avec le Parti démocratique de Côte d'Ivoire de l'ancien président ivoirien Henri Konan Bédié l'avait été mais, lui, ne fait l'objet d'aucun mandat d'arrêt. Pourtant, les points de discorde avec Alassane Ouattara sont les mêmes : la non-reconduction de l'alliance politique qui l'a porté au pouvoir en 2010, puis en 2015.
Alliés d'hier, ennemis d'aujourd'hui
L'actuel président ivoirien laisse d'ailleurs planer le mystère sur une candidature éventuelle à la prochaine présidentielle. "La Côte d'Ivoire appartient aux prochaines générations, a affirmé Alassane Ouattara le 30 novembre 2019 lors d'un meeting. Mais comme je vois des hésitations au niveau de certains de ma génération, c'est pour ça que je n'ai pas encore avancé ma decision. Je ne veux pas que la Côte d'Ivoire retourne entre les mains de ceux qui ont détruit notre pays, ceux qui ont gaspillé les biens publics". "Si eux (ceux de sa génération, à savoir les anciens présidents Laurent Gbagbo et Henri Konan Bédié), ils décident d'être candidats, alors je serai candidat", a indiqué le président ivoirien. Dans le cadre du changement constitutionnel de 2016 (la Constitution de la 3e République a été officiellement promulguée le 8 novembre 2016), Alassane Ouattara pourrait prétendre à un deuxième mandat, mais en réalité ce serait son troisième depuis 2010.
"Depuis quelques semaines la tension politique et sociale est montée d’un cran", note la Plateforme des organisations de la société civile pour l’observation du processus électoral (POECI) dans un communiqué publié le 26 décembre. "La POECI constate avec regret des actes contraires aux principes démocratiques en Côte d’Ivoire. Cet état de fait qui peut entraîner une implosion de la situation sociale faisant place à des remous sociaux appelle la POECI à une vive réaction, et lui fait craindre un processus électoral qui pourrait être entaché de violences voire d’une crise". Pour les Ivoiriens, 2020 sera encore une année politique cruciale sur laquelle le spectre de la crise post-éléctorale de 2011 plane déjà.