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La Déclaration de politique générale du Premier ministre, un vain exercice ?

TRIBUNE LIBRE
Mercredi 6 Décembre 2017

Il y a des traditions dites «républicaines» qui ont perdu de leur sens et de leur saveur depuis des lustres. Sans surprises, le Premier ministre lit pendant des heures un discours concocté par ses scribes conseillers qui collationnent les contributions des différents Ministères sectoriels et mettent en forme l’adresse à la représentation nationale. Celle-ci, composée d’une majorité, inconditionnellement rangée derrière le gouvernement, applaudira à tout rompre à la fin de l’allocution. L’opposition, confinée dans un temps de parole strictement fixé par le règlement intérieur de l’Assemblée nationale critiquera, immanquablement, le discours du Premier ministre. Tout cela étant su à l’avance, on devrait pouvoir faire l’économie de cet exercice dans sa forme actuelle. 

Monsieur le Premier ministre pourrait, à titre d’exemple sur un plateau de télévision ou à partir de son bureau recevoir les représentants professionnels des différents secteurs d’activité de notre pays, s’entourer du ministre concerné par l’ordre du jour et quelques uns de ses proches collaborateurs. Les députés, le Conseil économique et social, les consommateurs en plus d’universitaires pourraient prendre part à un vrai débat de deux heures de temps sur un enjeu national intéressant les populations.
Cet exercice aurait l’avantage de tester la maîtrise des dossiers par ceux qui en ont la charge, mais aussi de mesurer l’impact sur le terrain des mesures prises par le gouvernement. Le Premier ministre pourrait se déplacer dans une entreprise la fois suivante, dans un hôpital pour le thème sur la santé, sur la petite côte pour l’ouverture de la saison des touristique ainsi de suite...À l’ère des réseaux sociaux des questions concrètes pourraient être transmises en direct dans une interaction avec tous les sénégalais d’où qu’ils soient. Cela, ou d’autres formes de foras plus interactifs, serait plus conformes aux impératifs de transparence, d’interactivité et de proximité avec les usagers. 

J’avoue, au demeurant, qu’il doit être pénible pour le Premier ministre de passer une journée entière à lire un texte et à répondre à des questions qui sont parfois éloignées du discours qu’il vient de lire parce que...préméditées (!) 
Le plus grave c’est que cette auguste assemblée n’entend pas les murmures désapprobateurs des citoyens vaquant à d’autres occupations...domestiques et qui, de temps à autres, augmentent le volume de la télévision qu’ils avaient pris la précaution de baisser pour écouter l’orateur en vedette, une fraction de seconde, le temps de jauger la température de l’hémicycle. 

Cela étant dit, il est étonnant d’entendre le Premier ministre, répondant au député Ousmane Sonko relativement à une question sur le franc CFA, déclarer que l’Assemblée nationale n’était pas le lieu pour en débattre! Mais alors dans quelle autre instance le Peuple a t-il élu des représentants pour avoir des réponses à ses questions ? 

En tout état de cause, la césure entre le parlement et ses mandants se creuse. La distance entre les gouvernants et les gouvernés aussi. Le dire devient une lapalissade. Le jeu politique lui-même est de plus en plus en perte de sens. Qui se souvenait que le Premier ministre devait faire une déclaration de politique générale après sa reconduction suite aux élections législatives? Que les initiés! Et encore... 

Espérons que le Dialogue national annoncé permettra, enfin, de refonder la politique et contribuera à lui redonner ses lettres de noblesse. Il se fait tard!

Amadou Tidiane WONE
 

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