Il se voit en outre privé de droits civiques pendant trois ans, interdit d’exercer toute fonction publique à vie, interdit de détenir des armes durant cinq ans, et il devra se soumettre à un suivi psychologique. Il a dix jours pour faire appel de sa condamnation.
Un geste « impulsif »
Cette gifle, « parfaitement inadmissible », est un « acte de violence délibérée », a soutenu le procureur de la République Alex Perrin face au mis en cause. Ce dernier, cheveux longs, t-shirt vert et lunettes sur le nez, pouvait demander un renvoi du procès pour mieux préparer sa défense mais a demandé à être jugé « immédiatement ». M. Perrin s’est inquiété d’un possible risque de récidive, disant percevoir « une sorte de détermination froide » chez ce résident de la petite ville de Saint-Vallier.
Damien Tarel a admis lors de l’audience avoir frappé le président, d’un geste « impulsif ». « Je ne l’apprécie pas et quand il s’est dirigé directement vers moi, dans un premier temps, ça m’a surpris », a raconté celui qui s’est dit « investi par les “gilets jaunes” dont la voix n’est plus entendue ». Avant de se l’expliquer. « C’est sa campagne : il essaie de cibler la jeunesse française. » « Quand j’ai vu son regard sympathique et menteur », a-t-il rapporté, « [j’ai compris qu’il] voulait faire de moi un potentiel électeur ».
La présidente du tribunal s’est étonnée de son geste, alors que le mis en cause se dit féru d’arts martiaux. « En quoi votre réaction de mardi est-elle conforme à ces principes, à la chevalerie, à la maîtrise que vous enseignent les arts martiaux ? » « Si on reste dans la réalité, j’ai juste giflé Emmanuel Macron car un sentiment d’injustice m’a parcouru. Cela n’a rien à voir avec la chevalerie ou mes activités personnelles », lui a-t-il répondu.
Damien Tarel a reconnu son ancrage à la droite du spectre politique, assurant que son cri « Montjoie ! Saint-Denis ! » prononcé avant sa gifle « fait référence au cri de ralliement historique des chevaliers français. C’est aussi un slogan patriote », a-t-il dit devant le tribunal de Valence.
Difficultés scolaires
Sans emploi et vivant du RSA, Damien Tarel a reconnu des difficultés scolaires dues à sa dyslexie, un bac passé en deux fois, une formation en thanatopraxie interrompue avant le diplôme national. Depuis la mort de son père, il y a deux ans, il n’a plus retravaillé. Pour revivifier « sa petite ville de campagne mourante », il a monté trois associations : un club d’arts martiaux médiévaux, une association de jeux et un festival de manga. Il lit aussi beaucoup sur le Moyen Age.
Dans sa plaidoirie, son avocate, Elodie Guellier, s’est émue du rôle de la presse – « ça fait quarante-huit heures que l’entourage vit un enfer » – et a demandé au tribunal de « relativiser les faits ». « Son objectif était d’échanger avec le président », a-t-elle ajouté, reconnaissant un « geste particulièrement inadapté » venant d’un homme « lambda » « qui n’a jamais frappé quelqu’un ». « Je pense qu’il a pris conscience de la gravité des faits. » Appelant le tribunal à ce qu’il n’y ait pas « de justice d’exception » ni de justice « pour l’exemple », elle a suggéré, en vain, des travaux d’intérêt général, car l’incarcération « ne l’amènera à rien ».
Acte « imbécile et violent » selon M. Macron
Un deuxième homme interpellé, Arthur C., « va se voir délivrer une convocation en justice pour la fin du second semestre 2022 pour répondre des infractions en lien avec les armes détenues illégalement », a déclaré mercredi, dans un communiqué, le procureur de la République Alex Perrin.
Interrogé jeudi après-midi depuis le centre d’entraînement de Clairefontaine, où il a encouragé rencontré l’équipe de France de football avant l’Euro de football qui débute vendredi, Emmanuel Macron a qualifié l’acte « d’imbécile et violent ». Le chef de l’Etat a cependant préféré évoquer « l’optimisme, le retour à la vie et le retour au travail ». Il a expliqué pourquoi il n’a pas porté plainte : « La justice s’en est tout de suite saisie, et compte tenu de la place qui est la mienne, je pense qu’il fallait laisser la justice suivre son cours. » « Il faut relativiser et ne rien banaliser » mais « ce n’est pas grave de recevoir une gifle quand on va vers une foule », a-t-il par ailleurs commenté lors d’un entretien à la chaîne BFM-TV.
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Les faits se sont déroulés, mardi après-midi, après la visite du lycée hôtelier de Tain-l’Hermitage (Drôme). Alors que le président de la République allait à la rencontre de la foule, un homme l’avait giflé au cri d’un slogan royaliste « Montjoie ! Saint-Denis ! » et « A bas la Macronie ». Il a ensuite été plaqué au sol par plusieurs membres du service de sécurité.
Résidant à Saint-Vallier, au nord de Valence, les deux hommes avaient été arrêtés tout de suite après l’incident. Ils sont « tous deux inconnus des services judiciaires et des services de renseignement ». Lors de son audition, Damien T., « en couple, sans enfant, sans profession », a reconnu « avoir porté un coup au chef de l’Etat et avoir prononcé des paroles dénonçant la politique ». Les deux camarades sont membres d’associations de leur commune « en lien avec les arts martiaux, le Moyen-âge et l’univers mangas », a précisé le magistrat.
Réaction unanime de la classe politique
Peu de temps après l’agression, mardi, Emmanuel Macron avait réagi devant la presse, dénonçant des « faits isolés », commis par « des individus ultraviolents » qui ne « méritent pas », selon lui, qu’on les laisse « prendre possession du débat public ».
De nombreux responsables politiques ont apporté leur soutien à Emmanuel Macron. Le premier ministre, Jean Castex, avait appelé « à un sursaut républicain ».
Jeudi, Marine Le Pen, la présidente du Rassemblement national (RN), s’est dite « d’accord » avec Emmanuel Macron pour considérer que cette gifle était un « acte isolé », produit d’une « bouillie idéologique ». Jean-Luc Mélenchon, candidat à la présidentielle 2022 pour La France insoumise, avait affirmé être « solidaire du président ».