Khalifa Ababacar Sall, l’incarnation illustrée de la persévérance

POLITIQUE
Mercredi 24 Janvier 2024

Dans la trajectoire de Khalifa Ababacar Sall se bousculent à la fois des moments de lumière et un temps agité. Toutefois, le constat demeure : par une force dans l’engagement et d’efforts dans le travail, Khalifa Ababacar Sall est incontournable dans l’échiquier politique sénégalais.


Il est l’incarnation illustrée de la persévérance, de la résistance, de la cohérence, de la constance et de l’endurance. Son destin l’a d’abord mené au pouvoir, sous le régime socialiste. Il fut à tour de rôle plus jeune député de l’Assemblée nationale sénégalaise, puis ministre délégué auprès du Premier ministre, chargé des Relations avec les Assemblées et ministre du Commerce et de l'Artisanat. Il a occupé la fonction de maire de la commune de Grand Yoff. C’est en 2000 que son Parti se retrouve dans l’opposition. Il s’est alors particulièrement remarqué dans sa posture d’opposant.
 
L’homme ne fuit pas devant ses responsabilités. Il préfère plutôt les assumer. Dans une approche dénuée d’écarts de langage, il a toujours su défendre ses opinions, fut-il au pouvoir comme dans l’opposition. Il annonce en 2000, devant la presse nationale et internationale, la perte de pouvoir de son parti. Dans l’opposition, Khalifa Ababacar Sall a été de tous les combats de principes. 
 
Dans une approche désintéressée, Khalifa Ababacar Sall n’a été demandeur de quoi que ce soit, ni pour lui, ni pour son entourage. Ce qui lui a valu d’être une seconde fois élu à la tête de la ville de Dakar. Une victoire obtenue haut la main malgré les énormes moyens déployés par le pouvoir, pour lui barrer la route. Voilà un leader politique qui tire toujours sa légitimité de la volonté exprimée par des électeurs. Des postes souvent électifs et peu nominatifs.
 
2017… la traversée du désert ! Il a fallu deux tournées à Tambacounda puis à Saint-Louis pour que des militants viennent en foule. Une véritable marée humaine. Cette affluence contribua à davantage mettre en ébullition les tenants du pouvoir, réticents de constater un potentiel adversaire engrangé autant de sympathie. Khalifa Ababacar Sall n’était encore qu’une fontaine qui, on peut le prévoir, par la force naissante des adhésions, les vertus qui de toutes parts s’attache à ses eaux et à la convergence des ruisseaux, allait devenir un grand fleuve.
 
*Une manœuvre inique de neutralisation*
 
L’opinion soupçonne tout de suite une manœuvre de neutralisation envers un sérieux prétendant à la présidentielle d’autant que sa popularité commençait à pénétrer les contrées les plus reculées du pays. La gestion procédurale de l’affaire dite caisse d’avance n’a fait que conforter les soupçons. Les diligences observées dans la procédure, les tergiversations... La bataille judiciaire qui s’en est suivie n’a fait que jeter davantage la suspicion.
 
D’autant que la cour de justice de la Cedeao, après avoir été saisie par les conseils de Khalifa Sall, a mis en évidence « des violations graves des droits de l’homme, en particulier du droit à un procès équitable ». Cette cour, de nature prudente et au-dessus de la mêlée, n’apprenait en réalité rien de nouveau au commun des Sénégalais. Mais cette sentence, venue d’ailleurs, confirmait encore les soupçons de cabale orchestrée pour liquider un adversaire politique crédible. Khalifa Sall sera empêché de briguer la magistrature suprême en 2019 et sera libéré juste après les élections remportées par le Président sortant.  C'est donc départi de ses droits politiques, confisqué de ses postes électifs que leader de Taxawu Sénégal engage un nouveau combat politique. Il sera l’élément central dans la constitution de la coalition de l’opposition Yewwi Askan Wi.
 
Yewwi a fédéré des identités remarquables aux trajectoires différentes qui ont accepté de se fondre dans un collectif. Cette coalition partie aux locales et aux législatives a failli pour la première fois dans l’histoire du Sénégal contraindre le pouvoir à la cohabitation.