Le président de la République gagnerait à ramener la sérénité dans la maison APR, assurément. Il lui faut, comme l’a dit hier dans nos colonnes l’un des pompiers-pyromanes responsables de l’incendie, «siffler la fin de la récréation». S’il ne s’agissait que de chahuts ou de querelles de gosses dans la cour d’une école ou d’un lycée !
Dans ce dernier cas, ce désordre n’aurait eu aucune portée et il aurait suffi, effectivement, que le directeur d’école ou le surveillant — le pion —, intervienne pour ramener le calme en brandissant au besoin la menace d’un avertissement, d’une «colle» ou d’une exclusion temporaire. Le problème, ici, c’est que c’est au cœur du pouvoir que les couteaux sont sortis ! En effet, c’est à l’intérieur du premier cercle ou de la garde rapprochée du président de la République que la guerre a éclaté.
Dans ces conditions, évidemment, ça change tout puisque c’est la stabilité même de notre pays qui est menacée si un vigoureux cessez-le-feu — assorti du déploiement de casques bleus dont le Sénégal est le septième contributeur mondial — n’est pas décrété. Entre le propre frère du président de la République qui tire au bazooka sur les «faucons tapis au Palais» — actionnés par l’épouse du même Président, mais cela, par pudeur, Aliou Sall ne le dit pas —, le griot personnel du président de la République qui riposte à coups de missiles, le président du groupe parlementaire de la majorité présidentielle qui vitrifie le propre frère du président à l’artillerie lourde, s’attirant lui-même une réaction thermonucléaire de Yakham Mbaye, proche du couple présidentiel, le président du Parlement de la Cedeao qui dégaine le pistolet qui lui a valu son surnom d’«El Pistoléro», le bon peuple est obligé de plonger aux abris pour éviter de se faire exterminer.
Et au milieu des bombes, missiles et obus qui pleuvent de toutes parts, un président de la République, censé tenir le gouvernail, qui abandonne la barre pour aller présenter des condoléances tous azimuts ! Ou aller faire des «ziars» dans les familles religieuses. Ou encore accorder des audiences à des transhumants. Souvent, c’est vrai, ce président qui s’est comparé jadis à un «lion qui dort» sort de son sommeil pour asséner de vigoureux coup de pattes du genre de celui qu’a reçu la semaine dernière son ancien ministre de l’Energie coupable d’avoir refusé de signer un contrat qu’il trouvait trop favorable à la multinationale française Total.
Cette rebuffade intervenant alors que le PDG dudit groupe et son imposante délégation étaient déjà dans nos murs, évidemment cela s’apparentait à une intolérable insubordination, une défiance voire carrément un casus belli. Le brave ministre a donc eu la tête coupée sur le champ… gazier. Cette insoumission intervenant en pleine guerre entre les fantassins de la Première dame et les fusiliers du Frère, on voit d’ici la pagaille à laquelle a assisté, ébahi et très inquiet, le bon peuple.
Car enfin, une présidence de la République a toujours symbolisé une majesté, un prestige, un apparat, donné un aspect rassurant de force tranquille à même de protéger le peuple contre toutes sortes de dangers et de périls. Bien évidemment, si le palais de la République, siège de cette présidence, est transformé en champ de bataille, il y a de quoi avoir peur.
Surtout, encore une fois, que le Président ne donne pas l’impression de pouvoir imposer son autorité à tout ce monde qui s’étripe joyeusement sous ses yeux ! C’est un peu comme si — pour prendre la métaphore du chavirement de Bettenti —, on était dans une pirogue en passe de chavirer et que les passagers, plutôt que de songer à colmater les brèches par où l’eau s’infiltre de partout — entreprenaient de se balancer des coups de poing sous le regard impuissant d’un capitaine dépassé !
Le problème c’est que nous avons un président qui, comme Janus, a une double face. Un masque de fer assorti d’une main de fer pour les opposants qui s’aviseraient de lorgner son fauteuil et qui sont envoyés sans état d’âme en prison. Une face de chocolat accompagnée d’une main de velours pour tous ceux de son propre camp qui peuvent se permettre à peu près tout dès lors qu’ils sont membres de l’APR ou de la coalition Benno Bokk Yaakar (BBY).
Il semble que, ce weekend, le Président a quand même convoqué ses sauvageons pour leur remonter les bretelles et les enjoindre de rejoindre les rangs. Les francs-tireurs auraient promis de se calmer… jusqu’à la prochaine bagarre ! Car, dans les rangs de l’APR, parti jamais structuré depuis sa création il y a une dizaine d’années, les couteaux ne sont jamais réellement rangés dans les fourreaux.
Une chose est sûre : la bagarre à laquelle le Président vient de mettre fin est d’autant plus dommageable et grave que tous ses protagonistes sont des « apéristes » légitimes, des militants de la première heure de la formation « marron-beige » qui étaient là durant les années de braise. Aucun de ses protagonistes n’est un transhumant. Encore une fois, c’est dans le cœur même du pouvoir que l’on se poignarde joyeusement.
Bien sûr, ces empoignades verbales ont fait les choux gras de la presse, particulièrement des réseaux sociaux. Et relégué loin, très loin, les bourses familiales, la Couverture maladie universelle, la diminution des loyers et des prix des denrées de première nécessité, les infrastructures, le Pudc, la fin des délestages, le Ter… bref, tous les efforts déployés par la communication-propagande présidentielle pour vendre un bilan élogieux du président de la République sont malheureusement éclipsés aux yeux de l’opinion par les querelles de positionnement et de clochers, pour ne pas dire d’égos des membres du premier cercle présidentiel divisés en pros-Frère et pro-Première dame !
Pendant ce temps, l’Opposition, dont le pouvoir n’avait cessé de moquer les éternelles divisions, vient, elle, de donner une admirable leçon d’unité en constituant une liste unique dans la perspective des prochaines élections législatives. Le camp présidentiel, lui…
Mamadou Oumar NDIAYE
Dans ce dernier cas, ce désordre n’aurait eu aucune portée et il aurait suffi, effectivement, que le directeur d’école ou le surveillant — le pion —, intervienne pour ramener le calme en brandissant au besoin la menace d’un avertissement, d’une «colle» ou d’une exclusion temporaire. Le problème, ici, c’est que c’est au cœur du pouvoir que les couteaux sont sortis ! En effet, c’est à l’intérieur du premier cercle ou de la garde rapprochée du président de la République que la guerre a éclaté.
Dans ces conditions, évidemment, ça change tout puisque c’est la stabilité même de notre pays qui est menacée si un vigoureux cessez-le-feu — assorti du déploiement de casques bleus dont le Sénégal est le septième contributeur mondial — n’est pas décrété. Entre le propre frère du président de la République qui tire au bazooka sur les «faucons tapis au Palais» — actionnés par l’épouse du même Président, mais cela, par pudeur, Aliou Sall ne le dit pas —, le griot personnel du président de la République qui riposte à coups de missiles, le président du groupe parlementaire de la majorité présidentielle qui vitrifie le propre frère du président à l’artillerie lourde, s’attirant lui-même une réaction thermonucléaire de Yakham Mbaye, proche du couple présidentiel, le président du Parlement de la Cedeao qui dégaine le pistolet qui lui a valu son surnom d’«El Pistoléro», le bon peuple est obligé de plonger aux abris pour éviter de se faire exterminer.
Et au milieu des bombes, missiles et obus qui pleuvent de toutes parts, un président de la République, censé tenir le gouvernail, qui abandonne la barre pour aller présenter des condoléances tous azimuts ! Ou aller faire des «ziars» dans les familles religieuses. Ou encore accorder des audiences à des transhumants. Souvent, c’est vrai, ce président qui s’est comparé jadis à un «lion qui dort» sort de son sommeil pour asséner de vigoureux coup de pattes du genre de celui qu’a reçu la semaine dernière son ancien ministre de l’Energie coupable d’avoir refusé de signer un contrat qu’il trouvait trop favorable à la multinationale française Total.
Cette rebuffade intervenant alors que le PDG dudit groupe et son imposante délégation étaient déjà dans nos murs, évidemment cela s’apparentait à une intolérable insubordination, une défiance voire carrément un casus belli. Le brave ministre a donc eu la tête coupée sur le champ… gazier. Cette insoumission intervenant en pleine guerre entre les fantassins de la Première dame et les fusiliers du Frère, on voit d’ici la pagaille à laquelle a assisté, ébahi et très inquiet, le bon peuple.
Car enfin, une présidence de la République a toujours symbolisé une majesté, un prestige, un apparat, donné un aspect rassurant de force tranquille à même de protéger le peuple contre toutes sortes de dangers et de périls. Bien évidemment, si le palais de la République, siège de cette présidence, est transformé en champ de bataille, il y a de quoi avoir peur.
Surtout, encore une fois, que le Président ne donne pas l’impression de pouvoir imposer son autorité à tout ce monde qui s’étripe joyeusement sous ses yeux ! C’est un peu comme si — pour prendre la métaphore du chavirement de Bettenti —, on était dans une pirogue en passe de chavirer et que les passagers, plutôt que de songer à colmater les brèches par où l’eau s’infiltre de partout — entreprenaient de se balancer des coups de poing sous le regard impuissant d’un capitaine dépassé !
Le problème c’est que nous avons un président qui, comme Janus, a une double face. Un masque de fer assorti d’une main de fer pour les opposants qui s’aviseraient de lorgner son fauteuil et qui sont envoyés sans état d’âme en prison. Une face de chocolat accompagnée d’une main de velours pour tous ceux de son propre camp qui peuvent se permettre à peu près tout dès lors qu’ils sont membres de l’APR ou de la coalition Benno Bokk Yaakar (BBY).
Il semble que, ce weekend, le Président a quand même convoqué ses sauvageons pour leur remonter les bretelles et les enjoindre de rejoindre les rangs. Les francs-tireurs auraient promis de se calmer… jusqu’à la prochaine bagarre ! Car, dans les rangs de l’APR, parti jamais structuré depuis sa création il y a une dizaine d’années, les couteaux ne sont jamais réellement rangés dans les fourreaux.
Une chose est sûre : la bagarre à laquelle le Président vient de mettre fin est d’autant plus dommageable et grave que tous ses protagonistes sont des « apéristes » légitimes, des militants de la première heure de la formation « marron-beige » qui étaient là durant les années de braise. Aucun de ses protagonistes n’est un transhumant. Encore une fois, c’est dans le cœur même du pouvoir que l’on se poignarde joyeusement.
Bien sûr, ces empoignades verbales ont fait les choux gras de la presse, particulièrement des réseaux sociaux. Et relégué loin, très loin, les bourses familiales, la Couverture maladie universelle, la diminution des loyers et des prix des denrées de première nécessité, les infrastructures, le Pudc, la fin des délestages, le Ter… bref, tous les efforts déployés par la communication-propagande présidentielle pour vendre un bilan élogieux du président de la République sont malheureusement éclipsés aux yeux de l’opinion par les querelles de positionnement et de clochers, pour ne pas dire d’égos des membres du premier cercle présidentiel divisés en pros-Frère et pro-Première dame !
Pendant ce temps, l’Opposition, dont le pouvoir n’avait cessé de moquer les éternelles divisions, vient, elle, de donner une admirable leçon d’unité en constituant une liste unique dans la perspective des prochaines élections législatives. Le camp présidentiel, lui…
Mamadou Oumar NDIAYE