Le Premier ministre nous rappelle les trois capitaux théorisés par ces économistes en ces termes : «…les théoriciens de la croissance endogène, ont démontré de manière séparée que le processus de croissance économique une fois enclenché, pouvait s’auto-entretenir et être ainsi durable, si le processus cible de manière intelligente et coordonnée le capital physique, le capital humain et le capital technologique. » A mon avis, il faut d’abord donner la définition économique de ces concepts pour mieux comprendre les effets du PSE sur ces trois cibles.
Le capital physique, ou capital productif, ou capital technique, est l’ensemble des biens de production que possèdent les entreprises et qui leur sert à produire des biens ou des services. Le capital productif est constitué de biens immobiliers, et de matériels de production (biens durables, etc.). Il s'accroit avec l’investissement en biens d'équipement et, sans investissement, décroit au fil du temps (selon un taux appelé taux de dépréciation du capital).
Le capital humain est l'ensemble des aptitudes, talents, qualifications, expériences accumulées par un individu et qui déterminent en partie sa capacité à travailler ou à produire pour lui-même ou pour les autres. Le capital technologique désigne toutes les avancées technologiques d’une entreprise, ce qui se retrouve dans les produits commercialisés par l'entreprise, ou qui s'y retrouveront prochainement. Je voudrai que le premier ministre nous démontre d’abord si le PSE cible bien ces différents capitaux et en quoi il favorise leur développement ?
Monsieur le Premier ministre aucun Sénégalais ne refuse la modernité, mais il est question de mettre les priorités dans les investissements publics, et de faire attention au recours systématique à l’endettement. Si vous n’écoutez pas les citoyens que nous sommes, lisez au moins entre les lignes des rapports faits par nos partenaires financiers qui dans un langage diplomatique tirent la sonnette d’alarme régulièrement.
L’économiste principal du bureau de la Banque mondiale à Dakar, a sonné l’alerte sur le niveau trop élevé de la dette publique du Sénégal. «La dette du Sénégal est soutenable mais il y a des nuances. Elle ne met pas en danger la stabilité du cadre macro-économique mais coûte cher ; si on compare la dette avec les revenus de l’Etat, elle se situe autour des 10 % des revenus de l’Etat. Donc, le gouvernement est obligé de payer la dette au lieu d’utiliser cet argent dans le financement des infrastructures de base comme les routes, les hôpitaux, les écoles, etc.
Il n’y a pas de danger sur la dette tant que la croissance est maintenue, car le poids de la dette se dilue dans le PIB qui grandit. Le problème, c’est ce qui va se passer si la croissance ralentit ou freine. La structure de la dette qui est à 40 % en dollar alors que la monnaie du Sénégal est le Franc Cfa et arrimé à l’Euro, pose problème si le dollar augmente, et augmente le coût de la dette. Il y a beaucoup de risques sur cette dette», fait-il savoir.
C’est cette même alerte qui vient de la Banque mondiale. Lors de la dernière revue de l’Instrument de soutien à la politique économique (Ispe), le chef de la mission du Fmi étalait ses inquiétudes sur le surendettement du Sénégal. Concernant le Plan Sénégal Emergent (Pse), l’économiste a tenu à noter quelques limites. «Dans le cadre du Plan Sénégal Emergent, l’investissement public est très important mais il n’est pas utile si l’investissement privé ne réagit pas. Cela ne sert à rien s’il y a plusieurs routes et s’il n’y a personne qui les utilise. Cela ne sert à rien s’il y a plusieurs productions en électricité s’il n’y a pas d’industries pour consommer cette électricité… la dette publique a continué de croître et le service de la dette devrait augmenter, de 24% des recettes de l’État en 2014 à 30% en 2017» a-t-il conclu.
Monsieur le premier c’est ce surendettement, pour réaliser des infrastructures dont la rentabilité à court et moyen est discutable, qui fait réagir des citoyens qu’il faudrait mieux écouter au lieu de nous servir des théories faites pour des économies développés dans des pays développés.
Ibrahima Wade, membre du comité directeur de Bokk Gis Gis