Le parrainage citoyen peut-il être un moyen de régulation du nombre de partis politiques en Afrique de l’Ouest ? C'est ce qu’espère l l'assemblée nationale Senegalaise qui a voté le 19 Avril dernier une reforme du code electoral Allant dans ce sens. Objectif affiché par Dakar : faire “progresser la démocratie” tout en évitant les candidatures fantaisistes à l’élection présidentielle.
Lors du scrutin de février 2019, chaque candidat devra ainsi recueillir les signatures de 52 000 citoyens électeurs, soit 0,8 % du corps électoral. Une réforme que dénonce l'opposition et la société civile qui se sont constituées en "Front anti-parrainage citoyen''.
Pour Gilles Yabi, chercheur et fondateur de Wathi, un think tank citoyen pour l’Afrique de l’Ouest basé à Dakar, les pays du continent doivent améliorer leur fonctionnement démocratique et cela ne peut pas passer uniquement par une réduction du nombre de candidats ou de partis politiques.
Le Sénégal a généralisé, par un vote au Parlement, la notion de parrainages à toutes les élections. Est-ce une avancée démocratique ?
Gilles Yabi : On peut difficilement affirmer qu’il s’agit d’une avancée démocratique. On ne peut pas affirmer non plus qu’il s’agisse d’une régression démocratique. On peut trouver raisonnable l’objectif de rationaliser les candidatures à l’élection présidentielle ou en tout cas de faire en sorte d’éviter une multiplication de candidats aux différentes élections. Mais je ne suis pas sûr que la réponse la plus appropriée consiste nécessairement à mettre en place une mesure comme celle des parrainages, sans réfléchir aux autres possibilités et sans considérer les risques qui seraient associés à ce parrainage. Le diable se cache dans les détails. Lorsqu’on propose une mesure comme celle des parrainages de citoyens électeurs qui doivent être ensuite validés par le Conseil constitutionnel, il faut s’interroger sur la capacité effective de validation de ces signatures, de vérification des identités des citoyens. Et s’assurer que les conditions existent pour qu’il n’y ait pas de manipulations et qu’il n’y ait pas d’erreurs.
Comme le Sénégal qui a près de “300 partis politiques” selon le président Macky Sall, plusieurs pays africains, comme la RD Congo ou le Cameroun, sont confrontés à une multiplication de mouvements politiques. Pourquoi, y a-t-il autant de partis politiques dans les jeunes démocraties africaines ?
Il n’y a pas une explication unique et simple. La prolifération des partis et des candidats aux élections traduit un dysfonctionnement profond dans les systèmes politiques des pays africains. Beaucoup voient la politique comme la voie qui conduit à une amélioration de son bien-être matériel, à un enrichissement. Le champ politique attire énormément de personnes mais finalement pas pour les bonnes raisons. Ce n’est pas pour servir l’intérêt général mais pour servir des intérêts particuliers.
En 2016, 18 candidats se sont présentés à l’élection présidentielle au Gabon, 33 au Bénin. Le Sénégal craint d’en avoir 47 pour la prochaine présidentielle qui doit se tenir en février 2019. Peut-on y voir un signe de vitalité démocratique près de soixante ans après leur indépendance ?
La multiplication des candidats n’est pas un signe de vitalité démocratique. En Afrique, on a beaucoup de candidats mais pas de véritables projets alternatifs. En réalité, ce que les politiques proposent aux électeurs n’est pas particulièrement intéressant, ce n’est pas riche. La vitalité démocratique, c’est la qualité du débat, c’est la qualité des partis politiques. L’objectif des réformes institutionnelles dans nos pays doit être une amélioration de nos fonctionnements démocratiques pour l’intérêt général. Je ne pense que cela puisse se régler seulement par une réduction de candidats ou du nombre de partis politiques.
Par ailleurs, la prolifération de candidats pose des problèmes logistiques importants, ainsi que des problèmes financiers. Il faut imprimer différents documents pour chacun des candidats et avec une trentaine, une quarantaine de candidats, cela peut avoir un poids financier conséquent pour l’État.
France 24
Lors du scrutin de février 2019, chaque candidat devra ainsi recueillir les signatures de 52 000 citoyens électeurs, soit 0,8 % du corps électoral. Une réforme que dénonce l'opposition et la société civile qui se sont constituées en "Front anti-parrainage citoyen''.
Pour Gilles Yabi, chercheur et fondateur de Wathi, un think tank citoyen pour l’Afrique de l’Ouest basé à Dakar, les pays du continent doivent améliorer leur fonctionnement démocratique et cela ne peut pas passer uniquement par une réduction du nombre de candidats ou de partis politiques.
Le Sénégal a généralisé, par un vote au Parlement, la notion de parrainages à toutes les élections. Est-ce une avancée démocratique ?
Gilles Yabi : On peut difficilement affirmer qu’il s’agit d’une avancée démocratique. On ne peut pas affirmer non plus qu’il s’agisse d’une régression démocratique. On peut trouver raisonnable l’objectif de rationaliser les candidatures à l’élection présidentielle ou en tout cas de faire en sorte d’éviter une multiplication de candidats aux différentes élections. Mais je ne suis pas sûr que la réponse la plus appropriée consiste nécessairement à mettre en place une mesure comme celle des parrainages, sans réfléchir aux autres possibilités et sans considérer les risques qui seraient associés à ce parrainage. Le diable se cache dans les détails. Lorsqu’on propose une mesure comme celle des parrainages de citoyens électeurs qui doivent être ensuite validés par le Conseil constitutionnel, il faut s’interroger sur la capacité effective de validation de ces signatures, de vérification des identités des citoyens. Et s’assurer que les conditions existent pour qu’il n’y ait pas de manipulations et qu’il n’y ait pas d’erreurs.
Comme le Sénégal qui a près de “300 partis politiques” selon le président Macky Sall, plusieurs pays africains, comme la RD Congo ou le Cameroun, sont confrontés à une multiplication de mouvements politiques. Pourquoi, y a-t-il autant de partis politiques dans les jeunes démocraties africaines ?
Il n’y a pas une explication unique et simple. La prolifération des partis et des candidats aux élections traduit un dysfonctionnement profond dans les systèmes politiques des pays africains. Beaucoup voient la politique comme la voie qui conduit à une amélioration de son bien-être matériel, à un enrichissement. Le champ politique attire énormément de personnes mais finalement pas pour les bonnes raisons. Ce n’est pas pour servir l’intérêt général mais pour servir des intérêts particuliers.
En 2016, 18 candidats se sont présentés à l’élection présidentielle au Gabon, 33 au Bénin. Le Sénégal craint d’en avoir 47 pour la prochaine présidentielle qui doit se tenir en février 2019. Peut-on y voir un signe de vitalité démocratique près de soixante ans après leur indépendance ?
La multiplication des candidats n’est pas un signe de vitalité démocratique. En Afrique, on a beaucoup de candidats mais pas de véritables projets alternatifs. En réalité, ce que les politiques proposent aux électeurs n’est pas particulièrement intéressant, ce n’est pas riche. La vitalité démocratique, c’est la qualité du débat, c’est la qualité des partis politiques. L’objectif des réformes institutionnelles dans nos pays doit être une amélioration de nos fonctionnements démocratiques pour l’intérêt général. Je ne pense que cela puisse se régler seulement par une réduction de candidats ou du nombre de partis politiques.
Par ailleurs, la prolifération de candidats pose des problèmes logistiques importants, ainsi que des problèmes financiers. Il faut imprimer différents documents pour chacun des candidats et avec une trentaine, une quarantaine de candidats, cela peut avoir un poids financier conséquent pour l’État.
France 24