Désengorger la commune de Ngor ! C’est ce que veulent les populations de ce village réunies autour d’un collectif qui demande une assiette foncière au niveau de l’aéroport militaire Léopold Sédar Senghor.
Le quotidien “EnQuête” s’est intéressé à la situation dans laquelle vivent ces populations qui estiment que l’extension de leur village est une priorité absolue. Il est 13 h passées.
Le soleil est à son zénith ; ses rayons se font sentir. Mais l’air est de plus en plus frais. Nous sommes au rond-point de Ngor. Pour se rendre à la plage, il faut traverser le quartier Grand Ngor ou celui de Petit Ngor. Ici, les ruelles sont si étroites qu’elles ne font pas la longueur des deux bras étendus. Après quelques petites minutes à serpenter dans les ruelles où presque aucun débris ne jonche sur le sol, on atteint la plage.
Trouvé sur place, Mamadou Sène, la soixantaine, exprime son désarroi. D’après lui, c’est à cause du manque d’espace que les gens construisent sur chaque aire, aussi petite soit-elle. Ce qui explique l’étroitesse des ruelles.
“On est cerné de partout. On n’a plus d’espace où construire. Les Almadies appartenaient à nos grands-parents qui y pratiquaient de l’agriculture.
Aujourd’hui, des gens ont tout accaparé. C’est la même chose pour les autres zones limitrophes. Ils nous ont ceinturés”, déclare ce père de quatre enfants. À cause de la promiscuité, il a dû quitter son village natal pour résider à Yoff. “J’ai été obligé d’aller loger à Yoff, alors que je suis né à Ngor où j’ai grandi. J’ai des frères qui habitent la maison familiale et il n’y a pas assez d’espace”, confie l’homme à la djellaba grise assortie d’un super jean de la même couleur.
En effet, la plupart des jeunes divaguent toute la nuit pendant que leurs ainés dorment. Ils reviennent à la maison le lendemain, au moment où ceux qui dormaient vont au travail, pour aller au lit, au chaud (chaleur laissée sur les draps).
Assis avec ses amis sur une pirogue à sec sur la plage, Madické Mbengue, la quarantaine, est un jeune du village. Bracelets en argent sur les deux poignets, vêtu d’un ensemble survête ment sport de couleur noire assorti d’une casquette, il témoigne :
“Moi qui vous parle, je suis obligé d’écourter mes sommeils pour laisser la place à mes frères. Je me lève pour qu’ils puissent dormir.” Mais où vont-ils la nuit ? “Allez au niveau du garage la nuit, vous y verrez des enfants qui jouent au football jusqu’à 1 h du matin pour attendre qu’il y ait de la place à la maison”. Avec une population estimée à près de 25 mille habitants sur une superficie de 4,5 km2, pour une densité de cinq mille habitants au km², Ngor est surpeuplé. “Imaginez une femme enceinte et qui doit accoucher ! On est obligé de la porter jusqu’à la route, parce que les voitures ne peuvent pas accéder aux quartiers”. “Même pour aller enterrer nos morts, on est obligé de les mettre dans des sacs…”
Le coordinateur du Collectif pour l’extension du village traditionnel de Ngor, Mamadou Ndiaye, renchérit : “Même pour aller enterrer nos morts, on est obligé de les mettre dans des sacs pour les sortir des maisons.
” De plus, à Ngor, les propriétaires de maison sont en chantier permanent. Chacun cherche à construire en hauteur. Mamadou Ndiaye voit en cela un risque pour la sécurité publique. “Les gens sont obligés d’ajouter des étages à la construction, alors que pour la plupart, ce n’était pas prévu lors de la fondation.
Et il y a des limites pour les maisons à étage. Nous ne pouvons pas construire des gratte-ciels. C’est pour cela qu’on demande l’extension du village”, soutient-il. “Les gens sont toujours dans le besoin de construire en hauteur. Ça crée de l’insécurité, parce qu’ils construisent sans maitriser les fondations.
Ça ne sera pas surprenant, si un jour des bâtiments s’effondrent sur les gens. Beaucoup de bâtiments ne sont pas en règle”, prévient-il, tenant un poisson à la main, un “badess”fraichement sorti de la mer qu’il vient d’acheter à la plage à 3 200 F CFA/kg, alors qu’en temps normal, il coûte 1 500 F CFA/kg. Pour lui, l’Etat veut que les Lébous quittent Ngor, cette zone tant convoitée, comme ce fut le cas au Plateau. “Il n’y a aucun programme de l’Etat ici.
Et il n’y a pas de lycée, encore moins de poste pour payer l’eau et l’électricité. Nos élèves sont obligées d’aller ailleurs pour apprendre. Et quand les parents n’ont pas d’argent pour le transport, les enfants sont obligés d’arrêter leurs études”, confie-t-il, indigné. Trouvé chez lui, le nouveau grand Jaaraf du village de Ngor, par ailleurs ancien délégué de quartier, El Hadj Babou Samb, insiste sur l’urgence d’avoir une assiette foncière pour désengorger le village. “Ngor étouffe. Nous ne pouvons pas avancer. Il n’y a que la piste.
De l’autre côté, il y a l’océan Atlantique. Si c’était en Hollande, peut-être qu'on pourrait faire des pôles d’air pour avancer dans la mer ou bien construire un village lacustre”, pense-t-il avec une mine heureuse comme si cela était envisageable. Hélas ! Il est au Sénégal. “Mais on n’a pas ces moyens-là. Donc, ce qui nous arrange, c’est que l’Etat nous donne cette partie que nous demandons”, dit-il Avec Enquête
Le quotidien “EnQuête” s’est intéressé à la situation dans laquelle vivent ces populations qui estiment que l’extension de leur village est une priorité absolue. Il est 13 h passées.
Le soleil est à son zénith ; ses rayons se font sentir. Mais l’air est de plus en plus frais. Nous sommes au rond-point de Ngor. Pour se rendre à la plage, il faut traverser le quartier Grand Ngor ou celui de Petit Ngor. Ici, les ruelles sont si étroites qu’elles ne font pas la longueur des deux bras étendus. Après quelques petites minutes à serpenter dans les ruelles où presque aucun débris ne jonche sur le sol, on atteint la plage.
Trouvé sur place, Mamadou Sène, la soixantaine, exprime son désarroi. D’après lui, c’est à cause du manque d’espace que les gens construisent sur chaque aire, aussi petite soit-elle. Ce qui explique l’étroitesse des ruelles.
“On est cerné de partout. On n’a plus d’espace où construire. Les Almadies appartenaient à nos grands-parents qui y pratiquaient de l’agriculture.
Aujourd’hui, des gens ont tout accaparé. C’est la même chose pour les autres zones limitrophes. Ils nous ont ceinturés”, déclare ce père de quatre enfants. À cause de la promiscuité, il a dû quitter son village natal pour résider à Yoff. “J’ai été obligé d’aller loger à Yoff, alors que je suis né à Ngor où j’ai grandi. J’ai des frères qui habitent la maison familiale et il n’y a pas assez d’espace”, confie l’homme à la djellaba grise assortie d’un super jean de la même couleur.
En effet, la plupart des jeunes divaguent toute la nuit pendant que leurs ainés dorment. Ils reviennent à la maison le lendemain, au moment où ceux qui dormaient vont au travail, pour aller au lit, au chaud (chaleur laissée sur les draps).
Assis avec ses amis sur une pirogue à sec sur la plage, Madické Mbengue, la quarantaine, est un jeune du village. Bracelets en argent sur les deux poignets, vêtu d’un ensemble survête ment sport de couleur noire assorti d’une casquette, il témoigne :
“Moi qui vous parle, je suis obligé d’écourter mes sommeils pour laisser la place à mes frères. Je me lève pour qu’ils puissent dormir.” Mais où vont-ils la nuit ? “Allez au niveau du garage la nuit, vous y verrez des enfants qui jouent au football jusqu’à 1 h du matin pour attendre qu’il y ait de la place à la maison”. Avec une population estimée à près de 25 mille habitants sur une superficie de 4,5 km2, pour une densité de cinq mille habitants au km², Ngor est surpeuplé. “Imaginez une femme enceinte et qui doit accoucher ! On est obligé de la porter jusqu’à la route, parce que les voitures ne peuvent pas accéder aux quartiers”. “Même pour aller enterrer nos morts, on est obligé de les mettre dans des sacs…”
Le coordinateur du Collectif pour l’extension du village traditionnel de Ngor, Mamadou Ndiaye, renchérit : “Même pour aller enterrer nos morts, on est obligé de les mettre dans des sacs pour les sortir des maisons.
” De plus, à Ngor, les propriétaires de maison sont en chantier permanent. Chacun cherche à construire en hauteur. Mamadou Ndiaye voit en cela un risque pour la sécurité publique. “Les gens sont obligés d’ajouter des étages à la construction, alors que pour la plupart, ce n’était pas prévu lors de la fondation.
Et il y a des limites pour les maisons à étage. Nous ne pouvons pas construire des gratte-ciels. C’est pour cela qu’on demande l’extension du village”, soutient-il. “Les gens sont toujours dans le besoin de construire en hauteur. Ça crée de l’insécurité, parce qu’ils construisent sans maitriser les fondations.
Ça ne sera pas surprenant, si un jour des bâtiments s’effondrent sur les gens. Beaucoup de bâtiments ne sont pas en règle”, prévient-il, tenant un poisson à la main, un “badess”fraichement sorti de la mer qu’il vient d’acheter à la plage à 3 200 F CFA/kg, alors qu’en temps normal, il coûte 1 500 F CFA/kg. Pour lui, l’Etat veut que les Lébous quittent Ngor, cette zone tant convoitée, comme ce fut le cas au Plateau. “Il n’y a aucun programme de l’Etat ici.
Et il n’y a pas de lycée, encore moins de poste pour payer l’eau et l’électricité. Nos élèves sont obligées d’aller ailleurs pour apprendre. Et quand les parents n’ont pas d’argent pour le transport, les enfants sont obligés d’arrêter leurs études”, confie-t-il, indigné. Trouvé chez lui, le nouveau grand Jaaraf du village de Ngor, par ailleurs ancien délégué de quartier, El Hadj Babou Samb, insiste sur l’urgence d’avoir une assiette foncière pour désengorger le village. “Ngor étouffe. Nous ne pouvons pas avancer. Il n’y a que la piste.
De l’autre côté, il y a l’océan Atlantique. Si c’était en Hollande, peut-être qu'on pourrait faire des pôles d’air pour avancer dans la mer ou bien construire un village lacustre”, pense-t-il avec une mine heureuse comme si cela était envisageable. Hélas ! Il est au Sénégal. “Mais on n’a pas ces moyens-là. Donc, ce qui nous arrange, c’est que l’Etat nous donne cette partie que nous demandons”, dit-il Avec Enquête