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Exclusif-Côte d’Ivoire : Les dessous de la rencontre au palais qui a viré au fiasco et électrocuté le respect des accords

INTERNATIONAL
Mercredi 24 Mai 2017

La seconde mutinerie après celle de janvier dernier révèle les limites d'un accord entre les plénipotentiaires de l'Etat et des mutins. Que s'est il réellement passé ? Quelles sont les causes de la révolte aux apparats marronniers ? Pourquoi la cérémonie de pardon et de renonciation de prime au palais du Plateau a dégénéré le lendemain à la contestation des soldats ?. Que reste t-il de la crédibilité des accords ? Confidentiel Afrique livre en primeur les dessous d'un fiasco avant le début du paiement partiel des primes. Exclusif !


Mutins à Bouaké
Mutins à Bouaké
Les choses sont allées très vite. Pourquoi les mutins ont récidivé après la révolte de janvier 2017. Qui menaient les négociations pour désamorcer la bombe ? Dans les investigations poussées de Confidentiel Afrique, il ressort que  tout l’entourage du Président Alassane Ouattara qui menait ces négociations avec les mutins est aussi en partie responsable de l’échec des pourparlers.
«Ils sont tous coupables : du Cheikh Boikary Fofana qui a mené les négociations avec les mutins au cabinet du Président jusqu’aux plénipotentiaires du palais» révèle une source sécuritaire à Confidentiel Afrique.

Pourquoi ? Pour la simple raison que les mutins ont été emmenés au palais parce qu’ils voulaient parler directement au Président Ouattara du fait que les discussions n’avançaient pas avec le Cheikh Boikary Fofana. Une fois arrivés au palais, on les enferme dans une salle et on les contraint à lire une déclaration pré-rédigée sous peine de passer devant la Cour martiale.
 
Ouattara électrocuté par ses hommes
 
Nos sources renseignent que le sergent a lu le discours au palais le 10 mai 2017 sous la contrainte. Sous les regards impuissants du Chef de l’état, lequel vraisemblablement a été exposé par ses hommes.
 
Que reste-t-il des accords ?
 
Après le règlement partiel des primes de 12 millions de FCFA du contingent 8.400 lors de la mutinerie déclenchée au mois de janvier 2017, un accord fut trouvé entre le gouvernement et les mutins à Bouaké.
Dans cet accord obtenu sur le fil du rasoir par le ministre de la Défense Alain Richard Donwayi assisté du colonel Issaka Ouattara Alias Wattao, il était prévu qu’un montant de 5 millions de FCFA allait être versé immédiatement et 7 autres millions de FCFA plus tard selon l’échéancier fixé entre mai et juin 2017.

Dans le courant de la fin du mois d’avril l’entourage du cabinet du président Alassane Ouattara en accord avec le ministre de la Défense et l’état-major ont entamé des négociations souterraines avec «certains délégués des mutins» en vue de faire comprendre à ces derniers la conjoncture économique du pays liée à la baisse du prix du cacao.

Un argument qui n’a guère convaincu «les délégués des mutins» lors des négociations. Les mutins exigeaient le respect strict de l’accord conclu en janvier 2017 avec le gouvernement. Le président Ouattara avait lui-même marqué son accord solennel à cette sortie de crise en janvier dernier.

Face au manque d’avancées et aux blocages constatés lors des négociations, le cabinet du chef de l’Etat et celui du Premier ministre ivoirien bénéficiant du concours de certains hommes politiques proches du président Alassane Ouattara ont jugé opportun d’impliquer l’imam Cheick Boikary Fofana, une des grandes figures de la communauté musulmane de Côte d’Ivoire qui mène les négociations directement avec les mutins.

D’abord, à la mosquée de la Riviera. Ensuite, au cabinet du chef de l’Etat. Lors de ces rounds l’Imam Fofana a compris la nécessité exprimée par les soldats de solliciter une rencontre directe avec le chef de l’Etat ivoirien, ce qui, à ses yeux et aux yeux des soldats est plus pratique que la valse et flopée d’intermédiaires.
 
Simulacre cérémonial au palais
 
L’Imam Fofana saisit donc le cabinet du chef de l’État pour diligenter cette rencontre. Arrivés au palais,  le cabinet militaire du chef de l’État dirigé par le Général Vangando chef d’État-major particulier du Président informe l’Etat-major et le ministre de la Défense qui en lieu et place décident d’organiser un simulacre de cérémonie, puisque les soldats déportés au palais dont certains ont été débauches sont enfermés dans une salle où ils reçoivent des menaces d’être traduits devant la Cour martiale.

Les mutins étaient contraints de lire une déclaration pré rédigée. C’est la triste histoire de la cérémonie dite de renonciation des primes et de pardon qui s’est d’ailleurs déroulée à huis clos. Confidentiel Afrique bien renseigné peut confirmer que ce n’est que le mercredi 10 mai 2017 à 23 heures (Heures d’Abidjan) que la Radio-Télévision Ivoirienne a commencé à diffuser en boucle la rencontre.

Le vendredi 12 mai 2017, les mutins qui ont rejeté cet accord ne se reconnaissaient pas dans la déclaration lue par le sergent Fofana choisi pour la circonstance par les organisateurs de ce simulacre comme porte-parole. Une situation inconfortable pour le chef de l’Etat, Alassane Ouattara, piégé et abusé par ses fidèles collaborateurs missi dominici dans ce dossier. Ce là que réside toute la difficulté de retrouver l’accalmie et les raisons d’un fiasco au premier degré.

Par Pierre René et Ismael AIDARA 
 
 

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