Le Sénégal s’est qualifié certes, mais des voix s’élèvent pour décrier le fond de jeu proposé par l’équipe. Qu’est-ce que vous en pensez ?
Avec la qualité individuelle des joueurs que nous avons, nous devons etre capable en un moment donné de mettre ces qualités individuelles un peu plus au service du collectif.
C’est vrai que par moment on manque de maitrise collectif et là-dessus on devrait progresser. On devrait aussi gagner en maturité et en intelligence dans le jeu mais la difficulté en équipe nationale c’est de mettre en place un collectif huilé.
Je ne suis pas en train de me dédouaner, mais depuis que je suis là (en 2015 ndlr), je n’ai pas fait 40 matches ni 45 matches. Je n’ai effectué que 21 matches et cela n’est meme pas la moitié du championnat de France ou du championnat d’Angleterre. Donc avec 21 matches, il est difficile de jouer comme le Barça. Il faut nous laisser le temps de continuer à travailler. Nous sommes conscients du travail qu’on doit faire, nous sommes conscients de la marge de progression que nous avons. En tout cas nous tenons le bon bout il faut continuer comme ça.
Il y a aussi des critiques sur le choix des hommes, que vous changez constamment votre effectif. Qu’est-ce que vous cherchez au juste ?
Les critiques comme je l’ai dit fait partie de ce métier-là. Avec beaucoup d’humilité je crois que je connais le travail. Ce groupe là qu’on dit aujourd’hui faire partie des meilleurs du continent a été constitué par mon staff. J’en profite pour féliciter mon staff technique, le staff médical, les intendants parce qu’ils font partie aussi de cette performance.
On a eu une vision de constituer un groupe fort avec des joueurs. On a eu le courage d’apporter des ruptures, se passer d’autres joueurs qui n’entraient pas dans notre philosophie. On a eu notre méthode, notre état d’esprit. L’état d’esprit qu’on voulait que les joueurs aient dans cette équipe nationale.
Maintenant beaucoup de gens parlent mais ne savent pas ce qui se passe à l’intérieur de ce groupe-là. Avant de parler du futur et du présent, il faut d’abord savoir ce qui s’est passé. Quand j’ai pris l’équipe en 2015 beaucoup de chose se sont passé, on a fait du chemin.
Avec mon staff, nous travaillons durement pour améliorer la condition de l’équipe, pour améliorer l’équipe sur le plan technico-tactique. Parfois ça prend du temps. L’équipe nationale du Sénégal, meme avec une équipe nationale tout court, c’est difficile de mettre en place un fond de jeu.
C’est des garçons qu’on a souvent tous les quatre voire cinq mois. Ce n’est pas évident de trouver les automatismes. Je ne me dédouane pas mais l’importance est que je suis conscient qu’il y a encore du travail. Nous allons continuer à conserver les acquis de cette équipe et puis essayer de chercher les joueurs qui sont capable de nous renforcer.
Vous avez des noms pour renforcer cet effectif ?
Pas encore, c’est juste des projections. Mais ce que je peux vous dire est sur le plan de la qualité et de la quantité il y a de très bons joueurs. Si nous devons progresser, cette évolution peut se faire en interne déjà, après on verra pour la suite. Si on a la possibilité de nous renforcer sur quelque domaine on ne se gênera pas à le faire.
Les éliminatoires de la Can se pointent à l’horizon dans quel état d’esprit comptez-vous l’aborder, ne serez-vous pas euphorique avec cette qualification ?
Pas du tout. Dans le football, nous sommes conscient que les choses peuvent aller très vite et n’oublier pas qu’au soir de Ouagadougou tout le monde nous voyez éliminé. Pour vous dire que dans le football il ne faut jamais avoir autant de certitude. Le football ce n’est pas des mathématiques. On a bien entamé ces éliminatoires et le deuxième match en Afrique du Sud il y a un an nous a plombé notre dynamique de victoire. On est qualifié, maintenant il faut aller à la coupe du monde pour exister.
C’est une autre manche, ça ne sera pas facile. La coupe d’Afrique sera aussi importante. Quand on est compétiteur, on a faim, on a envie de participer à toutes les compétitions on a aussi envie de gagner les compétitions. On a un groupe qui a envie de tirer le football sénégalais vers le haut. Il n’y aura pas de répit, il n’y aura pas de vacance tant que les objectifs ne sont pas atteint.
Qu’est ce qui a été la force de l’équipe dans ces éliminatoires ?
La solidarité, l’ambition de vouloir participer coute que coute à une deuxième coupe du monde. Pour ces garçons-là pour cette génération-là, c’était un tournant de leur carrière internationale, c’était le moment où jamais, c’était une grosse motivation pour eux. Ils savaient qu’il y avait une possibilité pour y aller et c’est vrai que quand on est sorti de notre match contre le Burkina Faso beaucoup de gens ont douté de notre force de caractère de notre qualité de cette possibilité de pouvoir se qualifier. Aujourd’hui les garçons l’ont fait et je les félicite.
Vous êtes l’un des premiers joueurs et le premier entraineur sénégalais à qualifier le Sénégal à une phase finale de coupe du monde. Peut-on dire que vous êtes entré dans l’histoire par la grande porte ?
Je ne sais pas si je suis entré dans l’histoire du football sénégalais, mais je peux dire que je suis un garçon chanceux, un garçon béni. C’est vrai que participer une première fois à une coupe du monde en tant que capitaine c’était quelque chose de très grand ; aujourd’hui qualifier l’équipe en tant que sélectionneur aussi c’est une grande fierté, donc je tiens vraiment à féliciter les joueurs, sans eux rien n’aurait pas pu etre possible. Ils ont bataillé difficilement ils ont su etre prêt sur tous les domaines pour pouvoir apporter cette qualification au Sénégal. Mais féliciter aussi le peuple sénégalais qui a toujours été derrière nous dans les moments les plus difficiles.
Quand tout semblait perdu le peuple était derrière nous. Je leur dédie cette victoire. Nous leur donnons rendez-vous le 14 novembre prochain pour que le match soit vraiment une fête entre le peuple et l’équipe nationale du Sénégal.
Un remake France Sénégal à la coupe du monde ça vous dit ?
(Rires) France-Sénégal pourquoi pas si le scénario se passe comme en 2002. Là actuellement ce qui est important est que les garçons savourent cette qualification. Nous notre génération à savoir Lamine Diatta Tony Sylva et d’autres ont écrit leur histoire, maintenant c’est à eux d’écrire leur histoire. C’est à eux de montrer au monde entier que le Sénégal à sa place à la coupe du monde. Je pense que tout le continent attend que le Sénégal y soit, vraiment je les félicite.
Par Amedine SY Sport221