’est un homme de l’ombre qui se retrouve aujourd’hui dans la lumière.Avec la plainte deposée par l'association Anticor et l'enquete ouverte, lundi 4 juin, par le Parquet national financier (PNF), le secrétaire général de l’Élysée, Alexis Kohler, homme discret mais à l’influence bien réelle, a droit à une publicité dont il se serait bien passé.
Soupçonné de conflit d’intérêts entre ses postes dans la fonction publique et ses liens, familiaux notamment, avec l’armateur italo-suisse MSC, Alexis Kohler rejette en bloc les accusations portées contre lui et révélées dans un premier temps par Mediapart. Mais pour Anticor, Alexis Kohler "ne pouvait ignorer qu'il existait un conflit d'intérêt à représenter l'État français dans le capital de la société française Les Chantiers de l'Atlantique/STX France, alors même que sa famille était propriétaire de l'un de ses principaux clients".
Cette plainte et l’enquête du PNF pourraient bien se transformer en "affaire Kohler" et éclabousser le président de la République, Emmanuel Macron, si les soupçons visant le secrétaire général de l’Élysée étaient confirmés. France 24 fait le point sur cet avis de tempête à l’Élysée. Qui est Alexis Kohler ? Secrétaire général de l’Élysée depuis un an, Alexis Kohler, 45 ans, fait partie du tout premier cercle d’Emmanuel Macron. Personnage discret et fuyant les médias, il joue un rôle essentiel de "tour de contrôle" de l’Élysée auprès du président de la République. Il est celui par qui passent tous les dossiers avant d’arriver sur le bureau du chef de l’État. Pour certains, il serait même, avec le conseiller spécial Ismaël Emelien, à l’origine de toutes les décisions prises par Emmanuel Macron.
"Macron a fait le choix d’un pouvoir extrêmement concentré, note ainsi un observateur familier du pouvoir exécutif dans Le Monde. En réalité, il pense que ce sont les circuits courts qui fonctionnent bien. Surtout il n’a confiance en personne. En lui, beaucoup. Mais c’est à peu près tout. Alexis [Kohler] et Ismaël [Emelien] font exception. À trois, ils décident de tout, sur le fond et sur la forme. Car l’action et la communication sont indissociables."
Diplômé de Sciences-Po, de l’Essec et de l’ENA, titulaire d’un DEA de droit public, Alexis Kohler est considéré comme un haut fonctionnaire brillant et très efficace. Il débute à Bercy, au Trésor, en 2000, avant de passer, notamment, par le FMI puis à la très puissante Agence des participations de l’État (APE). Après l’élection de François Hollande en 2012, il devient directeur adjoint du cabinet du ministre de l’Économie Pierre Moscovici. Puis le quitte lorsque ce dernier est remplacé par Arnaud Montebourg et y revient en août 2014 comme directeur de cabinet adjoint puis directeur de cabinet d’Emmanuel Macron.
Le courant passe très vite entre les deux hommes qui partagent la même vision libérale de la société. C’est donc tout naturellement qu’Alexis Kohler participe à la création d’En Marche en avril 2016, avant de s’impliquer fortement dans la campagne de l’ex-ministre de l’Économie, en particulier dans l’élaboration de son programme présidentiel. Mais en parallèle, l’ancien "dircab" d’Emmanuel Macron travaille, à partir de l’automne 2016 et jusqu’à sa nomination à l’Élysée, comme directeur financier de l’armateur italo-suisse MSC, propriété d’un membre de sa famille. C’est justement ce lien familial qui suscite aujourd’hui des soupçons. Que soupçonne le Parquet national financier ? Le Parquet national financier (PNF) souhaite savoir si Alexis Kohler a pu faire bénéficier l’entreprise privée MSC de ses fonctions au sein de l’État. Le secrétaire général de l’Élysée est étroitement lié au croisiériste puisque, outre l’emploi qu’il y a occupé entre l’automne 2016 et le printemps 2017, sa mère, comme l’a révélé Mediapart, n’est autre que la cousine germaine de Rafaela Aponte, cofondatrice et principale actionnaire de la Mediterranean Shipping Company (MSC).
Des investigations sont menées afin de "vérifier si les règles relatives à la mise en disponibilité des agents publics ont bien été respectées" dans ce dossier, indique le PNF dans son communiqué, expliquant qu’Alexis Kohler "aurait pu traiter des dossiers intéressant" MSC lorsqu'il était à l'Agence des participations de l'État (APE) et à Bercy.
Lors de son passage à l’APE, Alexis Kohler a ainsi représenté l’État au conseil d’administration de STX France (ex-Chantiers de l’Atlantique) à partir de 2010 alors que MSC est l’un des principaux clients des chantiers navals de Saint-Nazaire. Il aurait également, selon Mediapart, participé à Bercy en mars 2017, comme cadre de MSC, à une réunion sur la reprise de STX France, alors menacé de faillite. Un dossier qu’il aurait déjà eu à traiter, mais de l’autre côté de la table des négociations, lorsqu’il était au cabinet du ministre entre 2012 et 2016.
Le PNF s’intéresse également à la façon dont Alexis Kohler a obtenu l’autorisation de rejoindre MSC après son passage à Bercy. Les fonctionnaires désirant être mis en disponibilité pour travailler dans le privé doivent au préalable en faire la demande à une commission de déontologie. Or, celle-ci avait refusé une première demande du haut fonctionnaire, qui souhaitait déjà rejoindre MSC en 2014, avant de valider sa deuxième requête en 2016. Quelles conséquences pour Emmanuel Macron ? Emmanuel Macron va-t-il lui aussi avoir son "affaire Cahuzac" ? En partie élu sur la promesse de "faire de la politique autrement" et d’en finir avec "les pratiques de l’ancien monde", Emmanuel Macron pourrait être confronté à un scandale d’État si les soupçons concernant Alexis Kohler étaient avérés. Et alors que la loi de moralisation de la vie publique fut la première loi votée du quinquennat, l’éventuelle culpabilité de son bras droit ne manquerait pas d’avoir des conséquences politiques, d’autant qu’Emmanuel Macron a joué un rôle dans cette affaire.
Mediapart révèle en effet que c’est l’ancien ministre de l’Économie qui a permis à Alexis Kohler d’obtenir le feu vert de la commission de déontologie lors de sa deuxième tentative, en se portant garant de son ancien directeur de cabinet. Dans un courrier envoyé à la commission, que publie le site d’information, Emmanuel Macron assure qu’Alexis Kohler n’avait "pas eu à connaître de dossiers relatifs au groupe MSC qui étaient suivis par ses adjoints, M. Julien Denormandie puis M. Thomas Cazenave".
L’Élysée a bien conscience de l’impact négatif que pourrait avoir cette affaire sur la suite du quinquennat. Dans son communiqué, la présidence de la République estime d’ailleurs que la campagne menée par Anticor est bien politique, puisqu'elle déclare que "les soupçons totalement infondés" jetés sur Alexis Kohler l'ont été "à l’évidence en raison de ses fonctions de secrétaire général de l’Élysée".
Soupçonné de conflit d’intérêts entre ses postes dans la fonction publique et ses liens, familiaux notamment, avec l’armateur italo-suisse MSC, Alexis Kohler rejette en bloc les accusations portées contre lui et révélées dans un premier temps par Mediapart. Mais pour Anticor, Alexis Kohler "ne pouvait ignorer qu'il existait un conflit d'intérêt à représenter l'État français dans le capital de la société française Les Chantiers de l'Atlantique/STX France, alors même que sa famille était propriétaire de l'un de ses principaux clients".
Cette plainte et l’enquête du PNF pourraient bien se transformer en "affaire Kohler" et éclabousser le président de la République, Emmanuel Macron, si les soupçons visant le secrétaire général de l’Élysée étaient confirmés. France 24 fait le point sur cet avis de tempête à l’Élysée.
"Macron a fait le choix d’un pouvoir extrêmement concentré, note ainsi un observateur familier du pouvoir exécutif dans Le Monde. En réalité, il pense que ce sont les circuits courts qui fonctionnent bien. Surtout il n’a confiance en personne. En lui, beaucoup. Mais c’est à peu près tout. Alexis [Kohler] et Ismaël [Emelien] font exception. À trois, ils décident de tout, sur le fond et sur la forme. Car l’action et la communication sont indissociables."
Diplômé de Sciences-Po, de l’Essec et de l’ENA, titulaire d’un DEA de droit public, Alexis Kohler est considéré comme un haut fonctionnaire brillant et très efficace. Il débute à Bercy, au Trésor, en 2000, avant de passer, notamment, par le FMI puis à la très puissante Agence des participations de l’État (APE). Après l’élection de François Hollande en 2012, il devient directeur adjoint du cabinet du ministre de l’Économie Pierre Moscovici. Puis le quitte lorsque ce dernier est remplacé par Arnaud Montebourg et y revient en août 2014 comme directeur de cabinet adjoint puis directeur de cabinet d’Emmanuel Macron.
Le courant passe très vite entre les deux hommes qui partagent la même vision libérale de la société. C’est donc tout naturellement qu’Alexis Kohler participe à la création d’En Marche en avril 2016, avant de s’impliquer fortement dans la campagne de l’ex-ministre de l’Économie, en particulier dans l’élaboration de son programme présidentiel. Mais en parallèle, l’ancien "dircab" d’Emmanuel Macron travaille, à partir de l’automne 2016 et jusqu’à sa nomination à l’Élysée, comme directeur financier de l’armateur italo-suisse MSC, propriété d’un membre de sa famille. C’est justement ce lien familial qui suscite aujourd’hui des soupçons. Que soupçonne le Parquet national financier ? Le Parquet national financier (PNF) souhaite savoir si Alexis Kohler a pu faire bénéficier l’entreprise privée MSC de ses fonctions au sein de l’État. Le secrétaire général de l’Élysée est étroitement lié au croisiériste puisque, outre l’emploi qu’il y a occupé entre l’automne 2016 et le printemps 2017, sa mère, comme l’a révélé Mediapart, n’est autre que la cousine germaine de Rafaela Aponte, cofondatrice et principale actionnaire de la Mediterranean Shipping Company (MSC).
Des investigations sont menées afin de "vérifier si les règles relatives à la mise en disponibilité des agents publics ont bien été respectées" dans ce dossier, indique le PNF dans son communiqué, expliquant qu’Alexis Kohler "aurait pu traiter des dossiers intéressant" MSC lorsqu'il était à l'Agence des participations de l'État (APE) et à Bercy.
Lors de son passage à l’APE, Alexis Kohler a ainsi représenté l’État au conseil d’administration de STX France (ex-Chantiers de l’Atlantique) à partir de 2010 alors que MSC est l’un des principaux clients des chantiers navals de Saint-Nazaire. Il aurait également, selon Mediapart, participé à Bercy en mars 2017, comme cadre de MSC, à une réunion sur la reprise de STX France, alors menacé de faillite. Un dossier qu’il aurait déjà eu à traiter, mais de l’autre côté de la table des négociations, lorsqu’il était au cabinet du ministre entre 2012 et 2016.
Le PNF s’intéresse également à la façon dont Alexis Kohler a obtenu l’autorisation de rejoindre MSC après son passage à Bercy. Les fonctionnaires désirant être mis en disponibilité pour travailler dans le privé doivent au préalable en faire la demande à une commission de déontologie. Or, celle-ci avait refusé une première demande du haut fonctionnaire, qui souhaitait déjà rejoindre MSC en 2014, avant de valider sa deuxième requête en 2016. Quelles conséquences pour Emmanuel Macron ? Emmanuel Macron va-t-il lui aussi avoir son "affaire Cahuzac" ? En partie élu sur la promesse de "faire de la politique autrement" et d’en finir avec "les pratiques de l’ancien monde", Emmanuel Macron pourrait être confronté à un scandale d’État si les soupçons concernant Alexis Kohler étaient avérés. Et alors que la loi de moralisation de la vie publique fut la première loi votée du quinquennat, l’éventuelle culpabilité de son bras droit ne manquerait pas d’avoir des conséquences politiques, d’autant qu’Emmanuel Macron a joué un rôle dans cette affaire.
Mediapart révèle en effet que c’est l’ancien ministre de l’Économie qui a permis à Alexis Kohler d’obtenir le feu vert de la commission de déontologie lors de sa deuxième tentative, en se portant garant de son ancien directeur de cabinet. Dans un courrier envoyé à la commission, que publie le site d’information, Emmanuel Macron assure qu’Alexis Kohler n’avait "pas eu à connaître de dossiers relatifs au groupe MSC qui étaient suivis par ses adjoints, M. Julien Denormandie puis M. Thomas Cazenave".
L’Élysée a bien conscience de l’impact négatif que pourrait avoir cette affaire sur la suite du quinquennat. Dans son communiqué, la présidence de la République estime d’ailleurs que la campagne menée par Anticor est bien politique, puisqu'elle déclare que "les soupçons totalement infondés" jetés sur Alexis Kohler l'ont été "à l’évidence en raison de ses fonctions de secrétaire général de l’Élysée".