Afin d’en savoir davantage sur ses effets, France 24 a contacté dans cette région deux femmes qui l’utilisent régulièrement.
Rosa M. (pseudonyme) âgée de 42 ans : «La première fois que j'ai mis cette poudre dans mon vagin, ça m'a donné le vertige et fait vomir»
Plusieurs personnes contactées par France 24 ont évoqué les risques de dépendance associés à ce produit, estimant notamment qu’il était «possible que les femmes ne puissent plus avoir de plaisir sur le plan sexuel sans l’utiliser».
Eva B., gynécologue : «Je ne vois même pas quels peuvent être les effets positifs d’un tel produit. Aucune patiente ne m’a jamais dit qu’il l’aidait à soulager ses douleurs. Et je me demande comment il pourrait leur permettre de prendre du plaisir… Afin d’en savoir plus sur la composition de cette poudre, nous avons récemment envoyé des échantillons à l’Institut Pasteur de Dakar. Nous attendons les résultats des examens…»
Filmée par le journaliste Bakary Konté, une femme de Sédhiou, qui a utilisé la poudre dans le passé, évoque ses effets néfastes : risque de cancer du col de l'utérus, addiction, disparition de l'envie d'avoir des rapports sexuels avec un homme... Elle revient également sur la croyance selon laquelle ce produit permettait de résoudre les problèmes d’infertilité, en conseillant aux femmes d’aller plutôt voir un médecin pour y remédier.
Les deux utilisatrices contactées par France 24 n’ont jamais évoqué cette poudre avec leur mari. «Je m’en sers toujours en cachette», confie Cynthia R., même si elle assure qu’elle en parle librement avec d’autres femmes. Pour que leurs maris ne comprennent pas de quoi elles parlent, elles utilisent donc des «noms de codes» pour désigner cette poudre : « kandiénou» (du nom de l’un des villages où elle est fabriquée), «comprimé», «boisson», «lait», «secret»...
«L’utilisation de cette poudre en cachette révèle le peu de confiance qui peut exister dans certains couples. Certaines femmes ne sont pas satisfaites au niveau sexuel donc elles utilisent ça, plutôt que d’en parler à leur mari», regrette Aminatou Sar, une Dakaroise travaillant au sein de la Reproduction Health Supplies Coalition et se définissant comme «féministe». «Cela dit, si cette poudre leur permet de prendre du plaisir toutes seules, tant mieux, puisque les produits aphrodisiaques cherchent généralement à satisfaire l’homme avant tout», ajoute-t-elle.
Avec France 24