Au début du vingtième siècle, l’idéologie socialiste avait été conquérante partout dans le monde. Elle avait toujours résisté aux nouvelles idéologies et aux nouveaux conquérants. En 1920 le conquérant Lénine triomphait avec le communisme et emporta les trois quart des militants du parti socialisme. En effet Lénine venait de réaliser leur rêve de tous les socialistes d’Europe, prendre le pouvoir. Mais le socialiste Léon Blum, rendu minoritaire par cette défection générale, n’abdiqua pas et allait se battre pour conserver les valeurs du socialisme. En 1958, le président socialiste de la quatrième République française René Coty, le président socialiste de conseil Pierre Pflimlin et le vice-président socialiste Guy Mollet donnèrent les pleins pouvoirs à De Gaulle, mais le président Mitterrand refusa de se soumettre car les idées du général de Gaulle n’épousaient pas les idées du socialisme et il allait se battre pour faire triompher en mai 1981 le socialisme. En octobre 1948, la SFIO de Guy Mollet triomphait en France mais le président Senghor n’hésita pas à démissionner de ce grand parti et à se battre seul car la démarche s’éloignait de ses convictions. Il allait se battre pour prendre le pouvoir et faire triompher ses idées. Il faut savoir résister au nouveau rapport de force, au nouveau contexte pour conserver ses convictions, ses valeurs pour le triomphe de ses idées. (adsbygoogle = window.adsbygoogle || []).push({}); Aujourd’hui, l’attitude du PS au Sénégal pose problème. Le conquérant Macky Sall a commencé à se battre en 2008. Il a sillonné tout le Sénégal pour partager ses idées et sa façon de voir le pouvoir. En 2012 il allait conquérir le pouvoir après d’âpres combats et va récupérer le parti socialiste qui va disparaitre des futures échéances électorales pour le confort du pouvoir. Monsieur Ousmane Tanor Dieng et ses amis, au contraire de Léon Blum, Mitterrand et Senghor, se sont soumis au nouveau contexte et au nouveau rapport de force défini par le conquérant Macky Sall. Les socialistes vont oublier l’esprit conquérant du socialisme de Léon Blum, de Mittérand et de Senghor pour le confort du pouvoir (postes de ministre, de députés, de PCA, de DG et de hauts conseillers territoriaux). Monsieur Ousmane Tanor Dieng nous parle tout le temps de l’identité socialiste à préserver. Il ne sait pas que l’identité est le produit d’une mémoire habitée par une histoire. L’histoire permet de façonner l’identité des personnes, des peuples et des organisations politiques. Le président Senghor disait : « L’avenir réclame de chaque homme qu’il fasse l’effort d’écouter l’autre sans renoncer à ce qui fonde son identité ». L’identité socialiste est le fruit d’une histoire habitée par des combats menés par des hommes de convictions. L’identité socialiste est ce qui rend unique le parti socialiste et ce qui rendait unique ce parti c’est l’esprit conquérant de Léon Blum, de Mitterrand et de Senghor c’est-à-dire le manque d’hésitation, de compromission, de calcul politique mais aussi le combat pour la conquête du pouvoir (et non le partage) pour le triomphe de ses convictions et idéaux. Léon Blum, Mitterrand et Senghor pratiquaient le même socialisme et le même art de la guerre pour voir leurs idées triompher. Ils ont toujours su résister au nouveau conquérant, au nouveau rapport de force et au nouveau contexte pour faire émerger leurs convictions et projets de société. (adsbygoogle = window.adsbygoogle || []).push({}); Aujourd’hui le PS de Tanor Dieng n’a pas pu résister au nouveau rapport de force défini par le nouveau conquérant Macky Sall et ceci va ébranler une histoire, une identité et une idéologie. Un homme ou un parti politique doit revendiquer une origine et une histoire qui justifient qu’il se différencie et qu’il s’oppose pour gagner et imposer démocratiquement ses idéaux et valeurs. Aujourd’hui le PS est dépourvu d’esprit conquérant et c’est très normal car son leadeur Monsieur Ousmane Tanor Dieng, vu son parcours, ne peut pas incarner le socialisme conquérant. Monsieur Ousmane Tanor Dieng était conseiller diplomatique à la présidence. Avec le président Senghor, il s’occupait de la rédaction de discours, faisait des notes mais aussi des correspondances. Avec le président Abdou Diouf, il était d’abord son conseiller diplomatique numéro 2 et s’occupait des questions bilatérales (Youssou Barro était numéro 1 et s’occupait des questions multilatérales). Quand Youssou Barro avait été nommé ambassadeur monsieur Tanor Dieng prit sa place de diplomate numéro 1. À l’époque monsieur Moustapha Ka était directeur de cabinet du président Abdou Diouf. Quand monsieur Ka est parti monsieur Tanor Dieng prit sa place et devient le premier collaborateur du président Abdou Diouf. En 1993 pour renforcer cette collaboration le poste de ministre d’État chargé des affaires présidentielles avait été créé et confié à monsieur Tanor Dieng. Plus tard il sera l’homme fort du parti socialiste. C’est ça le parcours de monsieur Tanor Dieng. Il n’est pas un produit du parti socialiste. Il n’a jamais milité dans le mouvement des élèves et étudiants socialistes, il n’a jamais milité dans les jeunesses socialistes, ni dans les organisations de cadres, c’est un produit du président Abdou Diouf qui l’a imposé au parti. Le président Abdou Diouf lui a mis le pied à l’étrier et lui a offert la direction du parti. C’est un parcours qui est plein d’inconvénients pour un chef de parti. Monsieur Tanor Dieng n’est pas venu vers le parti mais c’est le parti qui est venu vers lui. Quand on vient vers quelque chose, c’est souvent par amour, c’est parce qu’on l’aime. On le protège et on le défend. Quand quelque chose vient vers vous, la prise en charge est très différente. Monsieur Tanor Dieng a émergé au PS sans combattre politiquement, c’est pourquoi l’esprit combatif a disparu à la tête de ce parti. (adsbygoogle = window.adsbygoogle || []).push({}); Dans un autre registre nous devons savoir qu’aujourd’hui nous sommes dans un monde où l’idéal socialiste pose problème. Jean Jaurès ne fait plus rêver. L’impopularité des dirigeants socialistes dans le monde n’est pas due à de mauvais chiffres sur l’emploi ou à un malaise économique, mais elle est due au reniement des idéaux de la gauche qui ne sont plus porteurs d’espoir dans ce monde en crise. L’idéologie socialiste est épuisée. Aujourd’hui les promesses d’un avenir meilleur basé sur l’idéologie socialiste ont été démenties par la persistance du chômage en Europe et en Amérique Latine (chantre du socialisme). Partout les politiques sont en train de passer d’un socialisme de gauche vers un socialisme de droite qui passe par la libération de l’entreprise et la refonte du droit du travail. Aujourd’hui la gauche passéiste est en train de capituler partout et l’extrême gauche (Syriza (Grèce), Podemos (Espagne)) est en train de prendre le dessus. En Grèce, Syriza a pris la place du parti socialiste, en Espagne Podemos est en train de bouffer le parti socialiste. En Angleterre, la droite (parti conservateur) a renvoyé la gauche (parti travailliste) dans l’opposition depuis mai 2010. En France si Jean Jaurès avait créé le socialisme c’était uniquement pour défendre l’ouvrier (politique de demande et de gauche). Mais la donne a aujourd’hui totalement changé, le parti socialiste est devenu le parti de l’entreprise (politique d’offre et de droite). Le banquier de droite Emmanuel Macron va s’appuyer sur le ministère de l’économie pour venir écraser le socialisme de gauche incarné par Benoit Hamon qui se retrouva à la cinquième place de l’élection présidentielle avec 6,36%. Il allait les enfoncer aux législatives en leur concédant seulement 30 sièges au moment où il se retrouva avec 308 sièges. Il a mis en place la loi Macron, sur l’activité (entreprise) et la croissance, et la loi El Khomry pour démanteler le code du travail qui crée en France la peur à l’embauche. Il va enterrer les idées de Jean Jaurés, père du socialisme, et va démanteler les derniers vestiges du socialisme de gauche sous le nez et la barbe des Martine Aubry et Jean Christophe Cambadelis (premier secrétaire). (adsbygoogle = window.adsbygoogle || []).push({}); En Italie durant les dernières élections législative les italiens ont rejeté la gauche socialiste en ne leur octroyant que moins de 19% des voix, leur plus bas historique. Le mouvement 5 étoiles (M5S) de Luigi Di Mario avec 31,93% s’est nourri de la gauche socialiste et leur a concédé une défaite humiliante. Aujourd’hui les socialistes vont continuer à meubler les bancs de l’opposition italienne. Même en Amérique Latine, chantre du socialisme conquérant, l’idéal socialiste est entrain de disparaitre : le Vénézuéla du grand Hugo Chavez a basculé aux législatives du 06 décembre 2015 et aujourd’hui Nicolas Maduro se bat comme un diable pour conserver le pouvoir. L’Uruguay a basculé, le socialiste de gauche José Mujica a cédé la place à Tabaré Vasquez plus à droite, en Argentine la gauche péroniste incarnée par le couple Kirschner a quitté le pouvoir pour la droite incarnée par le libéral et homme d’affaire Mauricio Macri, en Colombie la gauche a cédé la place à la droite depuis longtemps avec les présidents de droite Alvaro Uribé et l’actuel président économiste de droite Juan Manuel Santos Calderon, au Pérou le président de gauche Ollanta Humala a cédé la place au président économiste de droite Pédro Pablo Kuczynski et chez le géant brésilien, l’idéologie socialiste incarnée par Dilma Rousseff n’aspire plus confiance et les gens s’en sont débarrassé. Aujourd’hui les idées de Jean Jaures ne font plus rêver. L’idéologie socialiste est épuisée, elle a partout capitulé, elle n’est plus porteuse d’espoir dans ce monde en perte de croissance. Que cela soit en Europe ou en Amérique Latine elle vit ses dernières heures et un pays comme le Sénégal, qui est dans une logique d’émergence, ne doit pas être en reste. (adsbygoogle = window.adsbygoogle || []).push({});
Du socialisme conquérant au socialisme rampant (El Hadji Mansour Samb)
FAITS DIVERS
Jeudi 2 Aout 2018
Tanor n’a jamais milité dans les jeunesses socialistes, ni dans les organisations de cadres - C’est un produit du président Abdou Diouf qui l’a imposé - C’est un parcours qui est plein d’inconvénients pour un chef de parti.
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