Un laboratoire proche du marché de Wuhan étudiait le coronavirus des chauves-souris
Cependant, une enquête menée par les fins limiers du Washington Post met à mal cette thèse officielle. Ils ont dans leur viseur un laboratoire de sécurité biologique de niveau 4, proche du marché de Wuhan. Ce laboratoire spécialisé dans les maladies infectieuses, étudiait le coronavirus des chauves-souris. Mais ces recherches étaient considérées comme risquées. Le département d’État américain, préoccupé par la norme de sécurité des laboratoires de Wuhan, leur a envoyé, à deux reprises, des mises en garde. Le Washington Post les a publiées. Elles montrent, clairement dès 2018, les préoccupations américaines concernant la sécurité et la gestion du laboratoire de l’Institut de virologie de Wuhan. Lorsqu’on l’a interrogé au sujet de ces avertissements, le secrétaire d’État Mike Pompeo - qui continue d’appeler le coronavirus le " virus de Wuhan " - ne les a pas rejetés, mais il n’a pas dit, non plus, qu’ils montrent un lien légitime avec le Covid-19.
Les services de renseignements n’ont donc pas été en mesure de corroborer la théorie. Néanmoins, ils essaient de déterminer si une personne a pu être infectée dans le laboratoire, suite à un accident ou une mauvaise manipulation des matériaux, et en a ensuite infecté d’autres.
Six jours cruciaux avant que la Chine ne communique au début de l'épidémie
Dans son article, le Washington Post souligne aussi le comportement troublant des autorités chinoises dès le début de l’épidémie. Elle a bloqué les informations dans les premiers jours et a rechigné à partager ses données même avec l’OMS (l’Organisation Mondiale de la Santé). Par ailleurs, une enquête d’Associated Press publiée, ce mercredi 15 avril, atteste que les officiels chinois ont retenu l’information pendant six jours cruciaux, permettant ainsi au virus de se répandre sans barrière.
La meilleure défense, c'est l'attaque
Plus tard, dans le courant du mois de mars, la stratégie du gouvernement chinois évolue. Il doit estimer que la meilleure défense, c’est l’attaque. S’exprimant par la voix de son porte-parole des Affaires étrangères, Lijian Zhao, il accuse les Etats-Unis d’avoir propagé le Coronavirus avec des militaires présents en Chine à la même époque. Les chercheurs qui étudient les discours de propagande chinois estiment que ces tentatives visaient à nous détourner de ses premières erreurs dans la crise du coronavirus.
" Le Parti communiste chinois n’a pas donné aux Américains l’accès aux informations au moment où nous en avions le plus besoin, c’est-à-dire, au tout début ", a déclaré M. Pompeo plus tôt cette semaine. " Ensuite, nous savons qu’ils ont ce laboratoire. Nous sommes au courant des marchés des aliments humides (frais). Nous savons que le virus lui-même provient de Wuhan. Toutes ces choses se rejoignent. Il y a encore beaucoup de choses que nous ne savons pas, et c’est ce dont le président parlait aujourd’hui. Nous devons connaître les réponses à ces questions. "
Les Etats-Unis recherchent le bouc émissaire
Professeur d’histoire à l’ULiège et spécialiste en géopolitique, Michel Hermans constate que faute de preuves suffisantes, les Etats-Unis, ne peuvent pas accuser ouvertement la Chine. Mais l’épisode actuel démontre, selon lui, la recherche d’un bouc émissaire à l’heure où les Etats-Unis et l’administration Trump font face à une crise sanitaire inédite et bien plus grave qu’en Chine et en Europe. " La chine est l’objet de toutes les critiques et l’administration Trump veut réduire la puissance économique de la Chine. Mais ne sommes-nous pas nous-mêmes responsables de ce que nous avons créé ? L’Occident a transféré en Chine beaucoup d’entreprises médicales et il se plaint aujourd’hui que ces services ne lui parviennent plus ou qu’ils soient dévoyés. "
Les États-Unis n’en démordent pas. Ils ont bien l’intention que la Chine paie un prix, mais ne veulent pas imposer ce coût avant que la pandémie ne soit maîtrisée et jusqu’à ce qu’ils aient plus d’informations sur son origine.