Présidant la troisième assemblée générale de l'association des autorités anti-corruption d'Afrique (AAACA) sur le thème de l'effectivité de la coopération des institutions africaines de lutte contre la corruption pour une gestion transparente des ressources naturelles", le Président Macky Sall a dit ceci: " les compagnies internationales agissent sous le couvert du droit international des codes miniers et pétroliers qui ont été érigés dans des contextes où ce qu'on demandait à l'Afrique c'était de s'ouvrir à l'investissement international et qu'il fallait tout donner gratuitement (...) On va dire que l'obstacle c'est la stabilité juridique des contrats, mais si nous ne nous arrêtons pas à un moment donné, l'Afrique continuera à voir ses ressources naturelles partir et nous n'aurons plus que le trou béant abandonné après l'exploitation de nos mines, nos carrières, de notre pétrole et notre gaz (...) la lutte contre la corruption commence également par cette revendication à payer la juste rémunération de nos ressources naturelles et également pour la renégociation de toutes les conventions basées sur les législations qui, aujourd'hui, n'ont aucune raison d'être dans nos différents pays". "
Ces propos sont consternants, venant d'un Chef d'Etat qui vient tout juste de signer d'importantes conventions qui engagent toute la Nation et concernent toutes les ressources pétrolières et gazières connues sur la base des législations qu'il dénonce. Cet aveu de faiblesse doit nous interpeler tous. Je lis les propos d'un Président mais je crois entendre un simple responsable d'association de défense des ressources naturelles et de lutte contre la corruption faisant son plaidoyer devant la communauté internationale. Un Président ne passe pas son temps dans les plaintes et complaintes. Il a les moyens d'agir.
Monsieur le Président, pourquoi n'avez-vous pas fait ce que vous dites avant la signature des contrats dont vous reconnaissez en filigrane le caractère désavantageux?
Vous sachant techniquement, juridiquement et politiquement incapable de tenir tête aux multinationales pour défendre nos intérêts actuels et futurs, pourquoi n'avez-vous pas laissé ces ressources à leur place, donnant à une autre génération de leaders la chance et l'opportunité de les exploiter lorsque les conditions seront plus appropriées?
Monsieur le Président, vous mettez en avant le fait que les compagnies minières ont les moyens de faire appel à des batteries de cabinets juridiques et de communication pour nous créer des situations "difficiles", mais ne savez-vous pas que ce que vous semblez ne pas être en mesure de faire d'autres pays africains l'ont réussi de fort belle manière pour préserver leurs ressources et en faire des leviers pour leur développement économique et social?
Je ne citerai que l'expérience du Bostwana sur le diamant, qui non seulement à réussi à renégocier les contrats, grâce à la mobilisation de l'expertise locale et l'appui d'experts extérieurs, mais a aussi récupéré et rapatrié l'essentiel de la chaine de valeur sur cette ressource qu'il exportait à l'état brut pendant des décennies. Ne savez-vous pas que même la Banque africaine de développement (BAD) a mis en place une facilité juridique pour prendre en charge les frais que des pays comme les nôtres pourraient être appelés à supporter pour renégocier leurs contrats?
Et puis, franchement, qui peut me faire croire que la négociation de bons contrats pétroliers et gaziers ne mérite pas que nous dépensions quelques milliards de FCFA pour avoir les meilleurs cabinets? Nous savons tous qu'il suffirait de supprimer quelques-unes des dépenses inutiles des ministères et agences et récupérer quelques commissions et retro-commissions sur des marchés publics pour mobiliser de tels fonds.
Non Monsieur le Président, le fait de n'avoir pas fait votre devoir et assumer votre responsabilité de protection de nos ressources est suffisant pour délégitimer votre argumentaire comme votre appel à une concertation sur le pétrole et la gaz. Personne ne croit plus à la sincérité de ce dialogue sur les ressources naturelles et c'est bien dommage, car je suis convaincu que seul un consensus national fort et stable, transpartisan et trans-mandature, sur le pétrole et la gaz peut nous éloigner d'une perspective maléfique pour nous mettre sur la voie de la bénédiction.
Dr Cheikh Tidiane DIEYE
Ces propos sont consternants, venant d'un Chef d'Etat qui vient tout juste de signer d'importantes conventions qui engagent toute la Nation et concernent toutes les ressources pétrolières et gazières connues sur la base des législations qu'il dénonce. Cet aveu de faiblesse doit nous interpeler tous. Je lis les propos d'un Président mais je crois entendre un simple responsable d'association de défense des ressources naturelles et de lutte contre la corruption faisant son plaidoyer devant la communauté internationale. Un Président ne passe pas son temps dans les plaintes et complaintes. Il a les moyens d'agir.
Monsieur le Président, pourquoi n'avez-vous pas fait ce que vous dites avant la signature des contrats dont vous reconnaissez en filigrane le caractère désavantageux?
Vous sachant techniquement, juridiquement et politiquement incapable de tenir tête aux multinationales pour défendre nos intérêts actuels et futurs, pourquoi n'avez-vous pas laissé ces ressources à leur place, donnant à une autre génération de leaders la chance et l'opportunité de les exploiter lorsque les conditions seront plus appropriées?
Monsieur le Président, vous mettez en avant le fait que les compagnies minières ont les moyens de faire appel à des batteries de cabinets juridiques et de communication pour nous créer des situations "difficiles", mais ne savez-vous pas que ce que vous semblez ne pas être en mesure de faire d'autres pays africains l'ont réussi de fort belle manière pour préserver leurs ressources et en faire des leviers pour leur développement économique et social?
Je ne citerai que l'expérience du Bostwana sur le diamant, qui non seulement à réussi à renégocier les contrats, grâce à la mobilisation de l'expertise locale et l'appui d'experts extérieurs, mais a aussi récupéré et rapatrié l'essentiel de la chaine de valeur sur cette ressource qu'il exportait à l'état brut pendant des décennies. Ne savez-vous pas que même la Banque africaine de développement (BAD) a mis en place une facilité juridique pour prendre en charge les frais que des pays comme les nôtres pourraient être appelés à supporter pour renégocier leurs contrats?
Et puis, franchement, qui peut me faire croire que la négociation de bons contrats pétroliers et gaziers ne mérite pas que nous dépensions quelques milliards de FCFA pour avoir les meilleurs cabinets? Nous savons tous qu'il suffirait de supprimer quelques-unes des dépenses inutiles des ministères et agences et récupérer quelques commissions et retro-commissions sur des marchés publics pour mobiliser de tels fonds.
Non Monsieur le Président, le fait de n'avoir pas fait votre devoir et assumer votre responsabilité de protection de nos ressources est suffisant pour délégitimer votre argumentaire comme votre appel à une concertation sur le pétrole et la gaz. Personne ne croit plus à la sincérité de ce dialogue sur les ressources naturelles et c'est bien dommage, car je suis convaincu que seul un consensus national fort et stable, transpartisan et trans-mandature, sur le pétrole et la gaz peut nous éloigner d'une perspective maléfique pour nous mettre sur la voie de la bénédiction.
Dr Cheikh Tidiane DIEYE