L'intégralité du discours de Blé Goudé aux Ivoiriens :
Mes chers compatriotes,
Le 1er février 2019 à 19 heures, les portes de la prison se sont ouvertes pour le Président Laurent Gbagbo et moi. Aujourd’hui, je peux enfin m’adresser à vous en homme libre.
Mes chers compatriotes,
Pendant ces longues années de détention, j’ai sans cesse pensé à vous, à vos familles, à tous ceux qui vous sont chers, ainsi qu’à notre bien le plus précieux que nous avons en commun : notre pays, la Côte d’Ivoire.
Si le fil du dialogue a été rompu par les circonstances que vous savez, rien de vos questionnements, de vos inquiétudes relatives à l’avenir de notre nation ne m’ont échappé ; pas plus que les douleurs qui vous ont affligés et qui continuent malheureusement de vous habiter aujourd’hui encore, semblant jeter un voile épais sur l’avenir, notre avenir, que nous sommes pourtant obligés de réinventer ensemble.
C’est ce dialogue que je renoue aujourd’hui, avec vous tous, sans exclusive. Quelle qu’ait été votre opinion sur ce que j’ai vécu : que vous m’ayez accablé ou que vous n’ayez jamais vacillé dans la confiance placée en moi, je suis heureux de me retrouver en votre compagnie en homme libre.
Je conçois que dans notre pays balloté, martyrisé par une tempête si féroce et interminable, chacun ait eu mille raisons d’être mécontent et de se laisser gagner par la rage et la haine ; pourtant, ici et maintenant, mon message à votre endroit est d’abord un message d’apaisement, ensuite ce que me dicte mon cœur en ce moment, c’est de vous dire toute mon affection, ma profonde et singulière affection. En vous l’exprimant, je ne vous rends qu’une infime partie du soutien et de l’immense amour que vous avez bien voulu me témoigner pendant ma détention. C’est pourquoi, à vous tous, singulièrement ceux dont il m’a été impossible de répondre aux nombreux messages de soutien, d’encouragement et d’invitation à tenir bon, je voudrais dire un grand merci. Je suis entré en prison nu, j’en sors l’esprit en paix, le cœur plein d’amour et les bras chargés de ce que vous m’avez offert.
Dans cette séquence si significative, comment oublier mes sœurs, mes frères et toutes ces personnes de la diaspora ivoirienne et africaine. Ces gens formidables qui ont pendant plusieurs années bravé le froid polaire et la distance pour nous apporter leur soutien réconfortant. Soyez en assurés, la reconnaissance que je vous dois, elle est à nulle autre pareille ! Merci, mille fois merci ! Que le tout puissant vous rende au centuple les nombreux sacrifices consentis pour nous.
Chères sœurs, chers frères, aussi cruelle qu’ait été l’épreuve que notre pays a vécue, fidèle à mon engagement de ne jamais être du mauvais côté de l’Histoire, je n’encouragerai aucune tentation de vengeance ni aucune velléité de revanche.
Vengeances sur vengeances, revanches sur revanches, ne feront que précipiter notre pays dans l’abime, dans le chaos, bref dans un déclin irréversible.
En revanche, je suis disposé à encourager toutes les initiatives en faveur de l’édification d’une société qui sache tirer les leçons de son passé douloureux. Pour moi, même si les circonstances de l’histoire nous ont imposés la crise qui a retardé le développement de notre pays et a endeuillée tant de familles, nous ne sommes pas obligés de prolonger ce conflit. Ne nous y trompons jamais, les sociétés qui avancent, les pays qui engrangent d’importantes victoires sur le marché hautement concurrentiel du développement sont ceux qui savent tirer les enseignements, tous les enseignements des événements douloureux qui jalonnent leur histoire et forgent leur communauté de destin.
Chers compatriotes
Mon engagement pour la paix et la réconciliation n’obéit à aucune démarche intéressée ni à aucune tactique politicienne. Il est sincère et appuyé sur des convictions fortes ayant pour but de faire grandir notre pays. En effet, au regard de notre actualité socio-politique, chaque jour, les murs de la méfiance gagnent en épaisseur et en hauteur. Le fossé social quant à lui continue de se creuser avec une obstination que rien se semble arrêter et manifestement vous semblez à nouveau habités par la peur. Cette grande hantise qui accompagne, comme d’habitude, les processus électoraux ivoiriens semblent de retour. Est-ce une fatalité ? Non.
Une simple observation permet de comprendre que dans les pays présentant le même profil que le nôtre où toutes les énergies sont organisées et tendues vers le développement sont ceux dans lesquels ont été résolues les crispations, les tensions et les conflits relatifs au fait démocratique. Un exemple ? Au Ghana voisin, l’organisation des élections est aujourd’hui un fait banal de la vie nationale.
Chères sœurs et chers frères, chacun doit comprendre que le fonctionnement de notre démocratie naissante doit se faire autour de règles impartiales au service de la quiétude des populations. Nous devons travailler à doter notre pays d’institutions fortes et crédibles qui puissent traverser le temps et non des institutions assujettis aux intérêts du parti au pouvoir.
Est-ce si difficile, comme au Ghana, d’arriver à une normalité électorale ?
Certainement pas !
D’autant plus que les problèmes qui empêchent nos élections d’être incontestables sont connus. Ne manque que l’engagement pour les acteurs politiques ivoiriens les plus en capacité de changer les choses d’associer leurs noms pour toujours à l’histoire de ce pays.
Malheureusement, je sais aussi qu’ils s’en trouveront pour moquer un tel rêve. C’est cela la diversité des opinions, des postures du moment et d’une absence de projection dans le futur. Néanmoins, permettez-moi encore une fois d’insister et d’espérer qu’avec un peu de bonne volonté, d’engagement et de détermination, les filles et les fils de la la Côte d’Ivoire se parlent de nouveau pour ramener notre pays sur les rails de la paix, gage de tout développement. Ainsi, nous pourrions envoyer à tous nos partenaires extérieurs le signal que nous sommes « the best place » où investir en toute confiance.
En ce qui me concerne, je ferai ma part. Et comme je l’ai toujours répété, je serai un instrument au service de la paix et de la réconciliation dans mon pays.
Savoir reconnaitre ses erreurs, assumer ses responsabilités quelles qu’elles soient, voilà la vraie voie vers la rédemption.
De fait, quel que soit ce que chacun d’entre nous aura vécu, nous devons apprendre à nous pardonner les uns les autres, car le pardon est une étape inévitable à la reconstruction d’une côte d’Ivoire nouvelle. Une telle démarche serait la démonstration de notre grandeur d’âme, l’âme ivoirienne. Elle est aussi, et vous en conviendrez aisément avec moi, l’un des plus grands signes d’espoir. Ensemble, nous devons construire notre pays dans le respect de nos différences d’opinion, de religion, et de provenance géographique. Tout comme nous devons inscrire notre engagement et notre culture politique dans une compétition saine, c’est-à-dire débarrassée de toute violence et surtout loin des armes. A cet égard, je voudrais affirmer ici qu’aucune ambition politique aussi noble soit-elle n’est au-dessus de la vie des Ivoiriens. A mes yeux ce sont nos différences qui enrichissent le débat politique et confèrent à la démocratie toute sa beauté et tout son sens.
Chers compatriotes,
Il est vrai que ma détention a été physiquement éprouvante, cependant elle n’a aucunement altéré mon moral. D’ailleurs elle a l’espoir de nous voir tous unis de nouveau dans un beau pays ne m’a jamais quitté.
Un pays, qui procurera à chacun et à tous ses enfants les meilleures opportunités de vie, une meilleure éducation, des soins médicaux appropriés et un environnement qui garantisse une sécurité pour tous et une justice équitable.
Que Dieu nous bénisse !
Que Dieu bénisse la Côte d’Ivoire
Charles Blé Goudé
Mes chers compatriotes,
Le 1er février 2019 à 19 heures, les portes de la prison se sont ouvertes pour le Président Laurent Gbagbo et moi. Aujourd’hui, je peux enfin m’adresser à vous en homme libre.
Mes chers compatriotes,
Pendant ces longues années de détention, j’ai sans cesse pensé à vous, à vos familles, à tous ceux qui vous sont chers, ainsi qu’à notre bien le plus précieux que nous avons en commun : notre pays, la Côte d’Ivoire.
Si le fil du dialogue a été rompu par les circonstances que vous savez, rien de vos questionnements, de vos inquiétudes relatives à l’avenir de notre nation ne m’ont échappé ; pas plus que les douleurs qui vous ont affligés et qui continuent malheureusement de vous habiter aujourd’hui encore, semblant jeter un voile épais sur l’avenir, notre avenir, que nous sommes pourtant obligés de réinventer ensemble.
C’est ce dialogue que je renoue aujourd’hui, avec vous tous, sans exclusive. Quelle qu’ait été votre opinion sur ce que j’ai vécu : que vous m’ayez accablé ou que vous n’ayez jamais vacillé dans la confiance placée en moi, je suis heureux de me retrouver en votre compagnie en homme libre.
Je conçois que dans notre pays balloté, martyrisé par une tempête si féroce et interminable, chacun ait eu mille raisons d’être mécontent et de se laisser gagner par la rage et la haine ; pourtant, ici et maintenant, mon message à votre endroit est d’abord un message d’apaisement, ensuite ce que me dicte mon cœur en ce moment, c’est de vous dire toute mon affection, ma profonde et singulière affection. En vous l’exprimant, je ne vous rends qu’une infime partie du soutien et de l’immense amour que vous avez bien voulu me témoigner pendant ma détention. C’est pourquoi, à vous tous, singulièrement ceux dont il m’a été impossible de répondre aux nombreux messages de soutien, d’encouragement et d’invitation à tenir bon, je voudrais dire un grand merci. Je suis entré en prison nu, j’en sors l’esprit en paix, le cœur plein d’amour et les bras chargés de ce que vous m’avez offert.
Dans cette séquence si significative, comment oublier mes sœurs, mes frères et toutes ces personnes de la diaspora ivoirienne et africaine. Ces gens formidables qui ont pendant plusieurs années bravé le froid polaire et la distance pour nous apporter leur soutien réconfortant. Soyez en assurés, la reconnaissance que je vous dois, elle est à nulle autre pareille ! Merci, mille fois merci ! Que le tout puissant vous rende au centuple les nombreux sacrifices consentis pour nous.
Chères sœurs, chers frères, aussi cruelle qu’ait été l’épreuve que notre pays a vécue, fidèle à mon engagement de ne jamais être du mauvais côté de l’Histoire, je n’encouragerai aucune tentation de vengeance ni aucune velléité de revanche.
Vengeances sur vengeances, revanches sur revanches, ne feront que précipiter notre pays dans l’abime, dans le chaos, bref dans un déclin irréversible.
En revanche, je suis disposé à encourager toutes les initiatives en faveur de l’édification d’une société qui sache tirer les leçons de son passé douloureux. Pour moi, même si les circonstances de l’histoire nous ont imposés la crise qui a retardé le développement de notre pays et a endeuillée tant de familles, nous ne sommes pas obligés de prolonger ce conflit. Ne nous y trompons jamais, les sociétés qui avancent, les pays qui engrangent d’importantes victoires sur le marché hautement concurrentiel du développement sont ceux qui savent tirer les enseignements, tous les enseignements des événements douloureux qui jalonnent leur histoire et forgent leur communauté de destin.
Chers compatriotes
Mon engagement pour la paix et la réconciliation n’obéit à aucune démarche intéressée ni à aucune tactique politicienne. Il est sincère et appuyé sur des convictions fortes ayant pour but de faire grandir notre pays. En effet, au regard de notre actualité socio-politique, chaque jour, les murs de la méfiance gagnent en épaisseur et en hauteur. Le fossé social quant à lui continue de se creuser avec une obstination que rien se semble arrêter et manifestement vous semblez à nouveau habités par la peur. Cette grande hantise qui accompagne, comme d’habitude, les processus électoraux ivoiriens semblent de retour. Est-ce une fatalité ? Non.
Une simple observation permet de comprendre que dans les pays présentant le même profil que le nôtre où toutes les énergies sont organisées et tendues vers le développement sont ceux dans lesquels ont été résolues les crispations, les tensions et les conflits relatifs au fait démocratique. Un exemple ? Au Ghana voisin, l’organisation des élections est aujourd’hui un fait banal de la vie nationale.
Chères sœurs et chers frères, chacun doit comprendre que le fonctionnement de notre démocratie naissante doit se faire autour de règles impartiales au service de la quiétude des populations. Nous devons travailler à doter notre pays d’institutions fortes et crédibles qui puissent traverser le temps et non des institutions assujettis aux intérêts du parti au pouvoir.
Est-ce si difficile, comme au Ghana, d’arriver à une normalité électorale ?
Certainement pas !
D’autant plus que les problèmes qui empêchent nos élections d’être incontestables sont connus. Ne manque que l’engagement pour les acteurs politiques ivoiriens les plus en capacité de changer les choses d’associer leurs noms pour toujours à l’histoire de ce pays.
Malheureusement, je sais aussi qu’ils s’en trouveront pour moquer un tel rêve. C’est cela la diversité des opinions, des postures du moment et d’une absence de projection dans le futur. Néanmoins, permettez-moi encore une fois d’insister et d’espérer qu’avec un peu de bonne volonté, d’engagement et de détermination, les filles et les fils de la la Côte d’Ivoire se parlent de nouveau pour ramener notre pays sur les rails de la paix, gage de tout développement. Ainsi, nous pourrions envoyer à tous nos partenaires extérieurs le signal que nous sommes « the best place » où investir en toute confiance.
En ce qui me concerne, je ferai ma part. Et comme je l’ai toujours répété, je serai un instrument au service de la paix et de la réconciliation dans mon pays.
Savoir reconnaitre ses erreurs, assumer ses responsabilités quelles qu’elles soient, voilà la vraie voie vers la rédemption.
De fait, quel que soit ce que chacun d’entre nous aura vécu, nous devons apprendre à nous pardonner les uns les autres, car le pardon est une étape inévitable à la reconstruction d’une côte d’Ivoire nouvelle. Une telle démarche serait la démonstration de notre grandeur d’âme, l’âme ivoirienne. Elle est aussi, et vous en conviendrez aisément avec moi, l’un des plus grands signes d’espoir. Ensemble, nous devons construire notre pays dans le respect de nos différences d’opinion, de religion, et de provenance géographique. Tout comme nous devons inscrire notre engagement et notre culture politique dans une compétition saine, c’est-à-dire débarrassée de toute violence et surtout loin des armes. A cet égard, je voudrais affirmer ici qu’aucune ambition politique aussi noble soit-elle n’est au-dessus de la vie des Ivoiriens. A mes yeux ce sont nos différences qui enrichissent le débat politique et confèrent à la démocratie toute sa beauté et tout son sens.
Chers compatriotes,
Il est vrai que ma détention a été physiquement éprouvante, cependant elle n’a aucunement altéré mon moral. D’ailleurs elle a l’espoir de nous voir tous unis de nouveau dans un beau pays ne m’a jamais quitté.
Un pays, qui procurera à chacun et à tous ses enfants les meilleures opportunités de vie, une meilleure éducation, des soins médicaux appropriés et un environnement qui garantisse une sécurité pour tous et une justice équitable.
Que Dieu nous bénisse !
Que Dieu bénisse la Côte d’Ivoire
Charles Blé Goudé