Par Ababacar Fall, expert électoral
La campagne électorale pour les élections législatives du 30 juillet 2017 s'ouvre au Senegal le Dimanche 09 juillet à 0 heure. La nouveauté dans cette campagne constitue sans aucun doute la détention provisoire de Khalifa Sall inculpé dans le cadre de l'affaire de la caisse d'avance de la mairie de Dakar.
Jouissant de ses droits civile politiques ; il est inscrit sur les listes électorales, par conséquent électeur et eligible et de surcroît investi sur la liste de la coalition Manko Taxawu Senegal dont il est la tête de liste. Dans l'histoire politique de notre pays, ce cas ne s'est jamais présenté ; à ce titre il devient un cas d'école dont il serait très intéressant de faire l'étude sous le rapport de : Comment un candidat prévenu et incarcéré peut-il mener une campagne électorale depuis sa cellule ?
Dans le cas qui nous concerne, Khalifa Sall nonobstant son statut de Maire de la ville de Dakar n'en est pas moins du point de vue des dispositions du code pénal un détenu de droit commun et de ce fait est soumis pour toutes les actions qu'il aura à effectuer soumis à l'autorisation préalable du Juge d'instruction en charge de son dossier. Ainsi, afin de lui permettre de signer les documents et actes dans le cadre de sa fonction et pour éviter le blocage de l'institution municipale, il aura fallu de la part de ses avocats demander l'autorisation du juge pour que les parapheurs lui parviennent dans sa cellule pour signature.
De la même manière, en l'absence d'une liberté provisoire que seul le juge est habilité à donner sauf opposition du parquet, Khalifa Sall ne pourra participer à aucun meeting, ni faire de déclaration ou d'enregistrement de temps d'antenne dans le cadre de la campagne électorale. La même situation a été vécu au Niger avec le cas Hama amadou candidat à l'élection présidentielle, inculpé et détenu pour complicité dans le cadre de l'affaire de trafics d'enfants, de faux et usage de faux en écriture publique et association de malfaiteurs.
Sa qualité de candidat à la présidentielle n'a pas permis de modifier ses conditions de détention car étant presque à l'époque dans un cas de semi isolement ne bénéficiant que de l'autorisation de recevoir soixante visiteurs entre le samedi et le dimanche, le reste de la semaine étant réservé à sa seule famille. Dans ses conditions, il n'a pas pu battre campagne et l'accès aux médias ainsi que la tenue de meeting lui ont été refusée.
Comme on le voit donc, il y a une analogie entre les cas Hama Amadou et Khalifa Sall. Si ce dernier en tant que tête de Liste de la coalition Manko Taxawu Sénégal doit faire des déclarations enregistrées à partir de Rebeuss, il faudra nécessairement, de la part de ses avocats, introduire une demande auprès du juge d'instruction qui seul est habilité à apprécier et à donner autorisation.