Réunis place de la Nation, au centre de la capitale burkinabè, les manifestants ont scandé "vérité et justice pour Norbert Zongo et ses compagnons", "non aux intimidations et aux menaces contre les honnêtes citoyens", "non aux escadrons de la mort" ou encore "non au terrorisme".
Journaliste d’investigation reconnu et directeur de publication de l’hebdomadaire "L’Indépendant", Norbert Zongo et trois de ses amis avaient été retrouvés morts, criblés de balles et carbonisés dans leur véhicule le 13 décembre 1998, dans le sud du Burkina.
Auteur de plusieurs enquêtes retentissantes dénonçant la mauvaise gouvernance sous le régime du président de l'époque Blaise Compaoré, M. Zongo enquêtait au moment de son assassinat sur la mort de David Ouédraogo, chauffeur de François Compaoré, frère cadet et conseiller économique du président d’alors.
Une commission d’enquête indépendante (CEI) instaurée sous la pression populaire avait conclu quelques mois plus tard que le journaliste avait été tué "dans le cadre de l’exercice de ses fonctions".
"23 ans après ces crimes odieux et crapuleux, nous sommes toujours debout, déterminés pour que la lumière et la justice se fasse", a déclaré le président du Collectif des organisations de masse et des partis politiques contre l’impunité, Chrysogone Zougmoré.
"Les vaines et multiples tentatives pour étouffer puis enterrer le dossier Norbert Zongo seront toujours voués à l’échec", a-t-il assuré.
Classé en 2003, après un non-lieu en faveur du seul inculpé, le dossier Zongo a été rouvert à la faveur de la chute de Blaise Compaoré fin octobre 2014, chassé par la rue après 27 ans au pouvoir.
Poursuivi pour "incitation à assassinat" dans cette affaire, François Compaoré, placé sous contrôle judiciaire en France, est visé par une demande d'extradition de la part du Burkina.
Après un avis favorable de la justice française et un décret d’extradition du gouvernement, François Compaoré a saisi la Cour européenne des droits de l’homme qui a suspendu la mesure d’extradition, le temps d’examiner le dossier.
"François Compaoré et ses avocats jouent aux prolongations car la cour européenne a beaucoup de dossiers à traiter. Nous souhaitons qu’elle traite en urgence ce dossier pour qu’il puisse venir répondre de ce qui lui est reproché au Burkina Faso", a affirmé M. Zougmoré.