Partout dans le monde, un impertinent, méchant et vicieux virus ; de la famille des coronavirus, dénommé Covid-19, a fini, de par sa mobilité, son extraordinaire capacité de mutation, sa virulence et sa vitesse de propagation et de contagion, d’etre un véritable sujet de préoccupation pour tous les Etats. Pour l’heure, il n’y a aucun intérêt à épiloguer encore moins spéculer sur son origine, naturelle ou provoquée. La seule posture qui vaille est de mener la lutte à tous les niveaux de compétence, de participer de manière active à l’élan de solidarité et, surtout et par-dessus tout, de faire montre d’un sens aigu des responsabilités par l’adoption et la pratique des gestes-barrières nécessaires pour une prévention salutaire et efficace ; étant donné que, pour l’heure, il n’y a ni vaccin ni traitement curatif.
Au Sénégal, la situation de la pathologie est, pour le moment contrôlée et parait contrôlable à terme, encore qu’il y a des contaminations communautaires qui posent des soucis. Cela est la résultante de plusieurs facteurs combinés ; d’abord la décision du Président de la République qui, après consultations et certainement recommandations des experts de tous bords, a décidé de décréter l’état d’urgence et d’instaurer, par la même occasion, un couvre-feu de 20 heures à 06 heures.
Il y a, ensuite, la compétence et la conscience professionnelles combinées, l’engagement, la détermination et l’abnégation des personnels médicaux et para médicaux qui n’ont eu de cesse de faire montre d’un esprit de sacrifice admirable et incomparable ; à saluer, enfin, le comportement globalement positif et exemplaire des Sénégalais qui, excepté quelques récalcitrants impavides, ont, non seulement adhéré aux décisions des autorités et accepté la nouvelle situation, mais aussi participé avec un volontarisme actif aux différentes campagnes d’information, d’explication et de sensibilisation. Cependant, ce que je ne comprends pas trop, c’est qu’on ait fermé des lieux de cultes tels que mosquées et églises en laissant ouvert nos marchés qui sont des lieux d’insalubrité par excellence, de promiscuité malsaine et d’incubation de toutes sortes d’agents pathogènes.
Comme on le voit, il n’y a pas de mérite particulier à conférer exclusivement à qui ce soit, fut-il le Président de la République. Il s’est agi d’un investissement collectif de la part de toutes les catégories professionnelles et de toutes les couches sociales de la société sénégalaise considérée en masse ; aussi me parait-il vraiment indécent de vouloir mettre notre relatif succès sur le compte d’une seule personne que l’on voudrait parer des plumes du paon. L’élan unitaire de solidarité de notre peuple qui est à magnifier, démontre notre capacité à nous retrouver autour de l’essentiel.
L’engagement de chaque compatriote a été déterminant, de même que sont d’égales valeurs les différentes contributions individuelles ou collectives. Le riche homme d’affaires qui a participé pour des millions de francs, dont l’origine pourrait être sujette à caution pour ne pas dire dolosive, n’est pas plus méritant que la pauvre vendeuse de cacahuètes qui, par patriotisme et par dignité, s’est efforcée de prélever de son gain quotidien d’à peine 1500 frs, la modique somme de 300 frs, pour sa participation symbolique à l’effort commun.
J’avais dit dans ma dernière contribution que l’on assistera, quand le covid-19 aura été vaincu, et il le sera, par la somme de nos sacrifices, notre détermination, le génie de notre peuple et notre volonté commune d’assurer et de préserver notre sécurité ontologique, à une récupération politique indécente et exécrable de l’issue heureuse de la lutte collective contre le covid-19. Et cela a déjà commencé avec la déclaration de ce responsable politique de la mouvance présidentielle qui, très mal inspiré et opportuniste à souhait, a voulu mettre le relatif succès que connait notre pays sur le compte de la vision éclairée du Président Macky Sall.
Et tout récemment, lui emboitant le pas, un célèbre avocat, réputé instable et opportuniste et connu pour ses pirouettes, a déclaré que la victoire sur le covid-19 sera forcément comptabilisé dans le bilan du Président Macky Sall qui, toujours selon notre avocat, a le droit de se présenter pour un troisième mandat. Quelle digression ! Des discours de cette nature seront souvent entendus au fur et à mesure qu’on va s’approcher de 2024. On n’en est pas encore là ; seulement que ceux qui défendent cette thèse sachent que la réponse du peuple sera foudroyante le moment venu et qu’ils aient le courage de s’assumer.
C’est très regrettable de devoir le constater, certains politiciens, à l’instar de notre célèbre et fameux avocat, vont utiliser le sentiment de peur qui habite présentement nos compatriotes pour les amener à reconsidérer leurs positions et à se rapprocher davantage du Président Macky Sall qu’ils essaient de présenter comme l’homme de la situation, le sauveur auquel il faudra renvoyer l’ascenseur le moment venu.
Ils ignorent, ces recruteurs malhonnêtes, que la peur appartient à l’empirisme perceptif et elle s’efface lorsque l’objet qui en est à l’origine disparait. Le covid-19 n’a pas vocation à durer, il sera vaincu et disparaitra et avec lui la peur qui l’entoure. Comme il appert, la stratégie ne sera pas payante. La puissante psychologique et sociale de la peur est telle que certains politiciens peu scrupuleux et adeptes de la manipulation des masses n’hésitent pas à en faire usage dans certaines circonstances comme celle que nous vivons présentement.
IL y avait une sorte d’accord tacite et pudique à observer une forme de trêve au cours de laquelle certains sujets délicats ne seraient pas évoqués ; mais il ne saurait etre question pour les citoyens patriotes de laisser prospérer et proliférer certaines formes de discours et certains comportements de la part de nos gouvernants et leurs affidés.
L’unanimité autour de la nécessaire solidarité nationale pour lutter efficacement contre l’ennemi commun qu’est le covid-19 ne doit point signifier un unanimisme de mauvais aloi ou les pensées, les réflexions, les idées et les opinions des uns et des autres doivent être mises sous cloche. Il nous faut refuser de porter hypocritement le manteau du politiquement correct et nous couvrir lâchement des oripeaux du socialement acceptable pour justifier un silence qui s’apparenterait à une ignoble fuite de responsabilités en ces moments durs et difficiles que traverse notre pays. Il nous faut rester très vigilants ; et comme disait William Jefferson « La vigilance éternelle est le prix de notre liberté ».
Le covid-19 ne doit pas étouffer les voix de la vérité qui doivent s’exprimer et parvenir à tout le peuple. A l’instar des infractions il y a un délai de prescription pour les dénonciations ; celles-ci doivent etre faites en temps réel et non en différé au risque de leur faire perdre toute actualité, toute pertinence ou toute utilité. On ne peut pas exiger aux citoyens, déjà sous pression, d’observer tranquillement, sans broncher, que des actes de malversations soient commis, sous prétexte que la situation ne s’y prêterait guère. Il faut dénoncer les mauvais comportements, les actes répréhensible et toutes les formes de forfaitures pour qu’ils ne perdurent ni ne s’étendent.
Ne définit-on pas la politique comme l’art de gérer la cité ; dès lors, il sera toujours exigé de nos gouvernants, quelles que puissent être les circonstances, heureuses ou malheureuses, de bien gérer et administrer la cité. Il s’agit de la Res publica. Cherchant à tirer profit de la situation, les maires, avec à leur tête le sieur Alioune Sall, sollicitent qu’il leur soit accordé la possibilité de faire des décaissements sans passer par la procédure normale ; c’est-à-dire de pouvoir utiliser l’argent du contribuable sans contrôle ni surveillance. Une telle dérogation ouvrirait la porte à tous les abus et à toutes les dérives.
Dans tout ceci, quelle a été la contribution personnelle du Président de la République Macky SALL qui dispose de fonds spéciaux dont il peut faire usage à sa guise sans justification. Aujourd’hui, dans le cas de la pandémie du covid-19 qui se présente comme une véritable calamité publique et qui l’a d’ailleurs obligé à décréter l’état d’urgence, il a une belle opportunité de puiser dans ce fonds pour venir en aide à son peuple. Il disposerait d’une caisse noire se chiffrant au bas mot à 8 milliards, et l’année budgétaire vient à peine d’etre entamée, ce qui veut tout simplement dire que la caisse est alimentée suffisamment pour que le Président Macky Sall puisse contribuer pour au moins un montant de 2 milliards. J’estime que la contribution du Maréchal Macky Sall à l’effort de guerre doit être la plus consistante et elle aurait intervenir dès la déclaration de guerre.
Nous réitérons notre soutien le plus total à Monsieur le Président de la République et nous nous félicitons de la très bonne presse dont il jouit à l’internationale par rapport au combat mené contre le covid19 ; c’est l’image de notre pays qui en sort auréolée et grandie. Il faut, cependant, admettre et reconnaitre que c’est un succès collectif de tout le peuple dans toutes ses composantes et qu'il ne saurait être question, ce serait maladroit voire incongru d’en attribuer la paternité à une seule personne fut-il Macky Sall.
Notre pays, pour l’heure s’en sort relativement assez bien grâce au formidable élan unitaire de solidarité nationale. Et que dire des professeurs Seydi, Bousso, Kane, Mboup et tous les autres membres des personnels de santé qui, dans la discrétion, avec engagement, nullement intéressé par une quelconque gloire, travaillent sans relâche dans des conditions très difficiles, exposant même leurs vies ; alors que, pendant ce temps, d’autres, de par leurs fonctions étatiques ont la possibilité de se confiner totalement avec leurs familles et de continuer à jouir de tous avantages liés à leurs fonctions.
Dans le même sillage, j’adresse mes très vives et sincères félicitations à tous membres des forces de défense et de sécurité et plus particulièrement à mes collègues de la Police qui, à part les fautes, répréhensibles du reste, de certains d’entre eux le premier jour, sont en train de se déployer avec professionnalisme et gérer la situation efficacement. Puissent-ils continuer à agir avec fermeté pour le respect des règles édictées tout en faisant montre de pédagogie.
Mes félicitations appuyées au directeur de la sécurité publique qui comprend les nouveaux enjeux sécuritaires de l’heure qui exigent une plus grande dimension cognitive, davantage d’ouverture, un plus grand respect du public, une rigueur managériale des hommes et une adaptation ainsi qu’une amélioration permanentes des pratiques et des protocoles d’intervention. Il a surtout compris que la sécurité n’a que faire de la spiritualité.
Le covid-19 avait réussi la prouesse, impensable et inimaginable il y a quelques mois, de réunir l’ensemble de la classe politique autour du Président de la République qui avait organisé une série d’audiences au palais, siège de la légitimité populaire. C’était fort beau de voir défiler toutes ces personnalités politiques, religieuses, coutumières et la société civile ; seule fausse note, la présence de troubadours dont la présence jurait d’avec la gravité de l’heure et la solennité du moment. Autant j’avais salué l’initiative du Président, autant j’avais émis des doutes sur ses véritables intentions ; c’est quelqu’un réputé pour ne jamais rien entreprendre sans calculs, sans intérêt personnel. Il a toujours des idées derrière la tête et fonctionne de manière froide, sans état d’âme, faisant peu cas de l’éthique, de la morale et du respect de l’autre.
Je subodorais à travers cette disponibilité subite et ces audiences médiatisées, une manœuvre dolosive et spécieuse, non seulement pour tromper la vigilance de ses hôtes, mais aussi et surtout pour anesthésier l’ardeur de ses opposants, neutraliser toutes les forces de contestations et de dénonciations ultérieures par rapport aux mesures et autres actes de gestion qu’il voudra prendre et qui dérogeraient aux principes de transparence et de bonne gouvernance de manière générale. J’avais dit que l’avenir nous édifiera.
Voilà qu’aujourd’hui, nos maisons, nos quartiers, tout le pays bruissent des scandales portant sur les marchés des denrées alimentaires, notamment du riz, ainsi que sur les contrats de transports pour leur acheminement auprès des populations récipiendaires ; marchés et contrats octroyés complaisamment et dans des conditions les plus nébuleuses à des proches et amis.
Il est pratiquement sur que le sieur Diop Sy, pour ne pas le nommer, a dû bénéficier de ces faveurs suite à des intercessions politico-économico-confrériques ; suivez mon regard. Les denrées sont convoyées à bord de véhicules destinés à la collecte d’ordures ; alors que des citoyens patriotes se sont vus refuser leurs offres de service gratuit au titre de leur participation à l’élan de solidarité. Le ministre Mansour Faye les a superbement ignorés au profit d’aigrefins, de prédateurs de chacals et de vautours attirés par les opportunités de gains faciles tirés de la misère et du malheur des populations en détresse.
C’était prévisible et le principal responsable de cet esclandre dont n’apparaissent, pour les moments, que les premières manifestations n’est personne d’autre que le beau-frère du Président de République. Avant-hier, c’était le frère, hier le beau-père et aujourd’hui le beau-frère qui, tout récemment a été cité dans une supposée affaire de corruption portant sur des camions bennes. Quel drôle de clan dont les membres semblent infectés par les virus du mensonge, du vol, de la corruption, du faux, de la concussion, du trafic d’influence et de la cupidité sans limite.
Par rapport à la gestion du fonds – covid-19, le Président de la République Macky Sall démontre, s’il en était encore besoin, que sa parole est d’une instabilité avérée, dangereuse et spécieuse. N’avait-il pas déclaré publiquement et promis à ses hôtes du palais venus répondre, sans arrières pensées, à son appel qu’il demandera aux ministres de la santé et de la solidarité d’élaborer, chacun à son niveau, un plan d’investissement d’urgence détaillé pour que tout soit clair ? N’avait-il pas promis de mettre en place un comité de pilotage composé de membres du gouvernement, de députés de l’assemblée nationale, de membres l’opposition et de la société civile dans l’optique d’une gestion transparente et inclusive ?
Rien de tout cela n’a été fait. Pour se rattraper, il mettra en place un organe, pour soi-disant, contrôler les opérations, comme il l’avait fait avec le pétrole et le gaz. Ce sera trop tard puisque tout aura été fait et décidé en amont dans le secret de son bureau. Avec le recul, on comprend maintenant les réticences de Ousmane Sonko dont il faut reconnaitre la perspicacité et la lucidité ; de même qu’il faut se féliciter de la clairvoyance et de l’honnêteté de l’ancien Premier ministre Abdou Mbaye qui ne cesse de prouver qu’il connait trop bien le bonhomme. J’avoue qu’il est difficile voire impossible de faire confiance à un fourbe doublé d’un esprit retors.
Il y a vraiment de quoi s’inquiéter pour notre pays par rapport au magistère du Président Macky Sall caractérisé par un trop plein de scandales de toutes sortes dont les auteurs bénéficient toujours de l’ impunité présidentielle. Le Président semble fâché avec la vérité, la franchise, la sincérité et l’honnêteté. Nos gouvernants se complaisent dans une immoralité ahurissante et dans une amoralité humainement dégradante qui constituent autant d’éléments d’instabilité sociale qui pourraient générer des conséquences plus catastrophiques et désastreuses que le covid-19 l’objet de toutes nos attentions.
Scandales pour scandales, certes ce qui se déroule sous nos yeux est déplorable, déshonorant, malsain et indécent ; mais il ne faut jamais perdre de vue que le Président Macky Sall ainsi que le ministre Aly Ngouille Ndiaye ont eu à poser des actes hautement plus graves, à la limite de la haute trahison. Le Président Macky Sall a signé, en toute connaissance de cause et contre l’avis écrit et explicite de l’Inspection générale d’état, un décret octroyant deux permis de recherches et d’exploitation d’hydrocarbures liquide et gazeux à un flibustier, un trafiquant de drogue, un délinquant international de haute voltige dont il n’ignorait pas les états de service. Quant à Aly Ngouille Ndiaye, il a sciemment, volontairement et à dessein, soumis à l’appréciation du Chef de l’Etat, un rapport de présentation truffé d’informations fausses et erronées et ce, pour tromper la vigilance du Président et trahir sa confiance.
Les esprits au fait de la marche des affaires de la république soutiennent qu’il y a manifestement complicité, collusion et connivence entre le Palais et le ministre. L’on ne saurait en douter ; et la gravité de leurs forfaitures est à mesurer à l’aune de leurs éminentes fonctions étatiques et leurs lourdes responsabilités républicaines. Ils doivent répondre et répondront de ce qui est considéré comme la plus scandaleuse forfaiture commise par des gouvernants depuis notre accession à la souveraineté internationale. De tels actes à ce haut niveau de responsabilité devraient pouvoir etre assimilés à de la haute trahison.
Le ministre Mansour Faye a essayé de se livrer à un exercice d’explication et de justification qui a plutôt créer davantage de suspicions qu’il n’a apporté de clarifications. Ce fut pénible, dur, douloureux et très laborieux ; quand, au cours d’un discours on sue à grosses gouttes et bredouille dans ses propos, cela veut tout simplement dire que l’on est très mal à l’aise et qu’on manque d’assurance et de certitude. « Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement, et les mots pour le dire arrivent aisément » (Boileau). N’est-ce-pas monsieur le ministre ? Allez revoir votre copie et revenez nous, après que le peuple aura terrassé le covid-19, pour le grand exercice de la reddition complète des comptes de tous les comptes.
Volez, détournez et pillez à votre guise, sucez le sang du peuple et abreuvez-vous de nos sueurs comme il vous plaira, mais, sachez, en attendant l’inexorable et l’impitoyable châtiment divin, qu’arrivera, inéluctablement, le jour où s’ouvriront grandement, pour vous accueillir, les portes du pénitencier.
Boubacar SADIO
Commissaire divisionnaire de police
de classe exceptionnelle à la retraite