Asphixie de la presse: la CAP tire la sonnette d'alarme

POLITIQUE
Mercredi 7 Aout 2024

Depuis plusieurs mois, le secteur de la presse traverse une crise complexe en raison de diverses pressions fiscales, de mises en demeure de paiement de redevances par TDS.SA, ainsi que de résiliations et suspensions de paiements des conventions commerciales par les structures publiques. Cette situation n’a pas laissé indifférents les acteurs du secteur. 

Dans un communiqué publié hier, mardi 6 août 2024, la Coordination des Associations de Presse (CAP) exprime une grande inquiétude face à la situation difficile que traverse le secteur médiatique au Sénégal, marqué par une pression multiforme sur les entreprises de presse. La CAP ajoute : « Cette situation se traduit malheureusement par la fermeture d’entreprises de presse et, de ce fait, par la perte brutale de dizaines d’emplois, chaque fois qu’un support se déclare en faillite économique (journalistes, techniciens et personnel d’appui). C’est déjà le cas avec la suspension de parution des quotidiens *Stades* et *Sunu Lamb*. *Vox Populi* n’est pas paru aujourd’hui (hier, ndlr). D’après les informations que nous recevons, d’autres quotidiens pourraient bientôt suivre cette vague dévastatrice. »

Face à cette situation intenable, la CAP dénonce l’attitude de l’État, affirmant que « l’État opte pour le mépris, et ses différentes branches continuent d’enchaîner des décisions et injonctions qui semblent démontrer une volonté manifeste de mettre à mal les médias privés du pays ». Selon la CAP, « les nouvelles autorités n’offrent aucune possibilité de dialogue ou de concertation pour trouver des solutions à cette crise ». Elle précise également : « Les nouvelles autorités ont certes hérité d’un secteur en crise, dont le processus de réforme a été volontairement interrompu par les précédents dirigeants, mais il est également clair que le nouveau régime n’a entrepris ni consultations ni concertations pour relancer la normalisation de ce secteur crucial pour la démocratie. »

La CAP insiste sur le fait que « ce n’est pas en imposant des pressions multiformes (contrôle fiscal, confiscation de la FADP, mises en demeure de paiement de redevances par TDS, résiliation et suspension des paiements des conventions commerciales par les structures publiques) que l’État parviendra à réguler le secteur des médias ». Elle conclut : « Si l’objectif de l’État n’est pas, comme certains le craignent, la destruction programmée de la presse privée, seules des mesures audacieuses, accompagnées de véritables concertations pour adapter l’écosystème des médias, pourront constituer des solutions efficaces. »