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L'essentiel


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Argumentaire de Khalifa Sall : Dakar, l’otage des enjeux

JUSTICE
Mercredi 14 Février 2018


 
Face aux juges hier, Khalifa Sall a surtout déploré le fait que les projets de la ville destinés aux populations soient bloqués pour des raisons politiques. L’édile de Dakar continue également de clamer son innocence.
 
La politique s’est invitée encore au procès de Khalifa Sall. Hier, 13e jour d’audience, le maire de Dakar a réaffirmé être dans un combat politique qui l’a conduit aujourd’hui à la barre du tribunal pour détournement de deniers publics. “Tout est politique dans cette affaire. Les soubassements, l’élément déclencheur, les causes, les préparatifs, et le débat est encore plus politique’’, a répété à nouveau le maire de Dakar. Aussi, reste-t-il plus que jamais convaincu qu’il ne serait pas traduit en justice pour malversations supposées, s’il avait accepté l’offre politique proposée à lui. Néanmoins, l’édile ne veut point s’apitoyer sur son sort, mais plutôt sur le tort causé à la population dakaroise par le régime, dans l’unique but de le combattre.
 
“L’objectif de la procédure est juste de neutraliser la ville et d’empêcher celle-ci de mener de gros investissements. Ceci fait d’ailleurs que toutes les actions sociales sont également bloquées’’, fulmine le premier magistrat de la capitale. Khalifa Sall souligne également que plusieurs projets d’investissements sont aussi bloqués. A ce propos, il a rappelé l’épisode de l’emprunt obligataire d’un montant de 20 milliards de francs Cfa autorisé par le gouvernement qui, par la suite, a mis son veto. Outre l’emprunt obligataire, les projets de dotation de gazon synthétique des stades municipaux, de voieries, de pavage des rues, entre autres, attendent toujours de voir le jour ou d’être finalisés.
 
 “Pour le pavage, nous avons acheté le terrain. Plus de 1 000 jeunes étaient en train d’y travailler et 4 000 étaient en attente. En plus d’améliorer le cadre de vie, nous voulions offrir du travail aux jeunes, mais nous avons subi une asphyxie financière’’, se désole Khalifa Sall. La gestion des déchets par l’Etat au détriment de la ville ne l’agrée guère, vu que “l’aménagement urbain est exclusivement de la compétence des collectivités locales et non du pouvoir central’’. Cependant, le maire dit ne pas s’en émouvoir outre mesure. Car, martèle-t-il, “c’est un combat politique’’. “Mais ce qui est gênant, ce sont les populations qui en pâtissent’’, soupire-t-il. Khalifa Sall a également déploré l’immixtion d’entités privées dans ce conflit avec l’Etat.
 
“Quand vous sollicitez les banques, souvent, elles vous disent : ‘Attendez un peu que les choses se décantent.’ Ils ne veulent pas que nous ayons un bilan, alors ils nous entravent. Mais c’est à nous de contourner. Ce qui est dommage, même les banques privées s’en mêlent’’, regrette M. Sall. Ce dernier précise que quand une équipe travaille pour Dakar, elle est aussi au service du Sénégal. De ce fait, il estime que lorsqu’une municipalité n’est pas contrôlée par la majorité présidentielle, une certaine intelligence aurait voulu que les gens discutent pour l’intérêt des populations, comme ça se fait en Europe, le cas échéant.
 
“C’est un vrai gâchis pour les 115 milliards qu’on avait prévu d’investir pour l’informatisation des lycées et collèges, l’amélioration du cadre de vie…’’, se plaint-il. Khalifa Sall : “Je n’ai pas de prête-nom, ni de coffre et je suis l’un des rares maires de la capitale à ne pas avoir de bail à Dakar’’ Khalifa Sall se dit plus qu’innocent, affirmant que son patrimoine ne contient aucun centime illicite. “Je ne m‘intéresse pas à l’argent. Tous les biens que j’ai acquis depuis 1983, je peux prouver leur origine licite. Le rapport de l’Ige est clair, car il n’y a pas de détournement de marché, ni de vente de marché et tous les audits auxquels la ville a été soumis sont clairs et ne relèvent aucun manquement’’, soutient-il avant de lancer un défi à ses accusateurs : “Je suis prêt à donner une procuration pour des investissements dans mes comptes bancaires et ceux de mon épouse et de mes enfants. Je n’ai pas de prête-nom, ni de coffre et je suis l’un des rares maires de la capitale à ne pas avoir de bail à Dakar.’’
 
Khalifa Sall a également apporté la réplique aux deux percepteurs qui allèguent qu’il s’agit de caisse d’avance et non de fonds politiques. “Les uns et les autres cherchent à sauver leur peau, mais tout le monde savait que c’était une caisse d’avance et chacun y a joué sa partition. Je n’en ai jamais profité. C’est pourquoi j’ai demandé à ceux qui m’accusent qu’on aille devant la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei) ou toute autre juridiction d’investigations pour qu’on prouve la licéité de son patrimoine’’, assène l’édile socialiste.
 
 Le directeur administratif et financier de la mairie a adopté la dénégation. “Je n’ai jamais profité de la caisse d’avance et on ne peut pas blanchir de l’argent qu’on n’a pas détourné’’, s’est défendu Mbaye Touré. L’ex-percepteur Mamadou Oumar Bocoum a également réfuté les accusations arguant qu’il n’y a jamais eu d’association de malfaiteurs, car tous les actes qu’il a posés s’inscrivent dans le cadre de la réglementation.
 
 

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