L’artiste-chanteuse Amy Collé Dieng a été arrêtée et incarcérée pour des propos considérés comme offensants au chef de l’Etat. Ceci est contraire à l’esprit et à la lettre de la Constitution du Sénégal qui garantit à tous la liberté d’expression.
Amy Collé Dieng est ainsi prisonnière pour avoir exprimé son opinion sur le réseau social Whastapp sur la politique du chef de l’Etat qu’elle juge désastreuse; il lui est surtout reproché d’avoir traité le chef de l’Etat de « saï-saï » en wolof, mot pouvant être traduit par « coquin, sournois, mesquin » en français.
L’arrestation de cette artiste est anticonstitutionnelle car la liberté d’expression doit être exercée sous toutes ses formes et coutures vu que la charte fondamentale la consacre. Si un individu dérape dans ses propos, il peut faire l’objet de remontrances et d’éducation civique. Mais jamais de peine de prison.
Nous avons copié la loi sur l’offense au chef de l’Etat sur le Code pénal français (article 26 de la loi sur la liberté de presse du 29 juillet 1881, simple report du crime lèse-majesté sous l’Ancien Régime). Initialement puni de trois mois à un an d'emprisonnement et/ou de 300 à 300 000 francs français d'amende, les peines-plancher ont été supprimées par la loi du 16 décembre 1992, puis la loi du 15 juin 2000 a supprimé la peine de prison pour ne laisser que l'amende, qui a ensuite été convertie à 45 000 euros par l'ordonnance du 19 septembre 2000. Finalement, ce délit n’existe plus en France: il a été supprimé depuis le 5 août 2013 parce que la France avait été condamnée par la Cour européenne des Droits de l’Homme pour avoir infligé une amende de trente euros à Hervé Eon, un citoyen ayant brandi une pancarte devant le président français Nicolas Sarkozy sur laquelle était écrit « Casse-toi, pov’ con ».
De quoi avons-nous l’air quand nous sommes impitoyables à appliquer des lois que même les initiateurs ont abandonnées car n’étant plus en conformité avec les réalités modernes ? Chez nous, le délit d’offense au chef de l’État est régi par la loi numéro 77-87 du 10 août 1977 reprise par l’article 254 du du Code pénal sénégalais qui dispose que « l’offense au président de la République commis par l’un des moyens de diffusion publique (la radiodiffusion, la télévision, le cinéma, la presse, l’affichage, l’exposition, la distribution d’écrits ou d’images de toutes natures, les discours, chants, cris ou menaces proférés dans des lieux ou réunions publics et, généralement, tout procédé technique destiné à atteindre le public) est punie d’un emprisonnement de 6 mois à 2 ans et d’une amende de 100 000 à 1 500 000 FCFA ou de l’une de ces deux peines seulement ». Nous sommes allés encore plus loin car pour les offenses et injures à travers des réseaux sociaux, la peine peut aller jusqu’à sept ans de prison en vertu de nouvelles dispositions du Code pénal.
Mettre une femme en prison pour avoir virilement exprimé son opinion ne nous honore en rien du tout.
Amy Collé Dieng et tous les prisonniers d’opinion doivent rentrer chez eux sans autre forme de procès. Leur place n’est pas la prison mais plutôt dans un cours d’éducation civique pour adultes qui, malheureusement, n’existe pas dans ce pays. Que ceux qui ont manqué à leur devoir de l’instituer ne s’étonnent pas d’en subir les contrecoups.
Mamadou Sy Tounkara
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Amy Collé Dieng est ainsi prisonnière pour avoir exprimé son opinion sur le réseau social Whastapp sur la politique du chef de l’Etat qu’elle juge désastreuse; il lui est surtout reproché d’avoir traité le chef de l’Etat de « saï-saï » en wolof, mot pouvant être traduit par « coquin, sournois, mesquin » en français.
L’arrestation de cette artiste est anticonstitutionnelle car la liberté d’expression doit être exercée sous toutes ses formes et coutures vu que la charte fondamentale la consacre. Si un individu dérape dans ses propos, il peut faire l’objet de remontrances et d’éducation civique. Mais jamais de peine de prison.
Nous avons copié la loi sur l’offense au chef de l’Etat sur le Code pénal français (article 26 de la loi sur la liberté de presse du 29 juillet 1881, simple report du crime lèse-majesté sous l’Ancien Régime). Initialement puni de trois mois à un an d'emprisonnement et/ou de 300 à 300 000 francs français d'amende, les peines-plancher ont été supprimées par la loi du 16 décembre 1992, puis la loi du 15 juin 2000 a supprimé la peine de prison pour ne laisser que l'amende, qui a ensuite été convertie à 45 000 euros par l'ordonnance du 19 septembre 2000. Finalement, ce délit n’existe plus en France: il a été supprimé depuis le 5 août 2013 parce que la France avait été condamnée par la Cour européenne des Droits de l’Homme pour avoir infligé une amende de trente euros à Hervé Eon, un citoyen ayant brandi une pancarte devant le président français Nicolas Sarkozy sur laquelle était écrit « Casse-toi, pov’ con ».
De quoi avons-nous l’air quand nous sommes impitoyables à appliquer des lois que même les initiateurs ont abandonnées car n’étant plus en conformité avec les réalités modernes ? Chez nous, le délit d’offense au chef de l’État est régi par la loi numéro 77-87 du 10 août 1977 reprise par l’article 254 du du Code pénal sénégalais qui dispose que « l’offense au président de la République commis par l’un des moyens de diffusion publique (la radiodiffusion, la télévision, le cinéma, la presse, l’affichage, l’exposition, la distribution d’écrits ou d’images de toutes natures, les discours, chants, cris ou menaces proférés dans des lieux ou réunions publics et, généralement, tout procédé technique destiné à atteindre le public) est punie d’un emprisonnement de 6 mois à 2 ans et d’une amende de 100 000 à 1 500 000 FCFA ou de l’une de ces deux peines seulement ». Nous sommes allés encore plus loin car pour les offenses et injures à travers des réseaux sociaux, la peine peut aller jusqu’à sept ans de prison en vertu de nouvelles dispositions du Code pénal.
Mettre une femme en prison pour avoir virilement exprimé son opinion ne nous honore en rien du tout.
Amy Collé Dieng et tous les prisonniers d’opinion doivent rentrer chez eux sans autre forme de procès. Leur place n’est pas la prison mais plutôt dans un cours d’éducation civique pour adultes qui, malheureusement, n’existe pas dans ce pays. Que ceux qui ont manqué à leur devoir de l’instituer ne s’étonnent pas d’en subir les contrecoups.
Mamadou Sy Tounkara
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