Invité hier de l’émission «Toute la vérité» de la Sen Tv, Alioune Tine constate qu’«il y a eu une poussée autoritaire que manifestent les images avec l’arrestation des gens et la violation de la Constitution» et a regretté les scènes de répression de la police, les arrestations d’opposants, mais aussi l’attitude des députés au sein de l’Hémicycle durant le vote du projet de loi sur le parrainage. «Les images qu’on a vues sont très décevantes. Tout comme celles qu’on a vues à l’intérieur de l’Assemblée nationale sont franchement catastrophiques pour l’image de ce pays qui est connu depuis Senghor comme un modèle de démocratie. Et il est évident que nous allons vers un Sénégal qui est peut-être un anti modèle à l’heure actuelle en matière de démocratie», craint-il. Et il prévient : «Nous sommes arrivés à ce basculement avec une divergence très profonde sur comment aller avec ce précontentieux. Si nous ne trouvons pas les moyens dès maintenant de discuter et d’avoir un consensus, nous allons vers une situation postélectorale qui risque d’être ingérable.»
Il rappelle le consensus de Kéba Mbaye avec une «tradition de concertation sur toutes les questions électorales». Mais pour lui, «avec ce qui est arrivé le 19 avril, cela veut dire qu’on a basculé». Celui qui s’était proposé médiateur entre l’opposition et le pouvoir au sujet du parrainage de poursuivre : «On aurait pu épuiser toutes les voies de recours pour que le dialogue politique ait lieu. Malheureusement, on n’a pas eu cela. C’est effectivement en l’absence d’institutions de régulation comme le Parlement et la Justice. Par exemple, on aurait pu saisir peut-être soit le Conseil constitutionnel, soit la Cour suprême qui doit écouter le contentieux et le précontentieux électoral pour trancher. Ou peut-être même une Ceni ou une autre haute autorité. Il n’y en a pas eu.» Selon lui, la responsabilité est «collective», mais celle du président de la République est «éminente».
C’est pourquoi d’ailleurs il appelle tous les acteurs au dialogue et dans les meilleurs délais. «On a perdu une belle occasion avec l’appel des chefs religieux», soutient-il. Sur la condamnation de Barthélemy Dias, il dira que «dans une démocratie, on ne peut pas mettre quelqu’un en prison parce qu’il a insulté»
Le Quotidien