‘’Le contrôle technique est une nécessité absolue dans la gestion des accidents de la route, il doit être exécuté de façon efficace'', a déclaré dans un entretien avec l'APS, l'auteur du livre ''Les accidents de la route", paru en février 2021 aux éditions EdiSAL.
"Le centre de contrôle technique que nous avons date de 2012 -2013. Il devrait être généralisé dans tout le pays mais malheureusement, il y a eu un peu de retard dans l’exécution de ce projet, ce qui fait, qu’il n’existe qu’à Dakar’’, a-t-il ajouté.
Le débat sur la vétusté du parc des voitures de transport en commun revient généralement sur l’espace public après chaque accident de circulation impliquant ce type de véhicules. Il en est ainsi après deux accidents meurtriers survenus en une semaine et ayant fait 65 morts.
Le premier a eu lieu le 8 janvier à Sikilo, à la périphérie de Kaffrine, une ville du centre du Sénégal, située à quelque 250 kilomètres de Dakar. 42 morts et une centaine blessés avaient été dénombrés.
Dans la nuit de dimanche à lundi une collision entre un car de transport en commun et un camion a fait 22 décès et de nombreux blessés sur la nationale 2 entre les grandes villes de Louga et Saint-Louis, dans le nord du pays.
Au lendemain du drame de Sikilo, un Conseil interministériel organisé à Diamniadio, dans le département de Rufisque, a débouché sur la prise de 22 mesures dont l’application est censée améliorer la sécurité routière et prévenir les accidents de la circulation.
L’accroissement des centres de contrôle technique figurant parmi ces mesures, Abdou Karim Diop, spécialiste en sécurité routière dit espérer sous peu une généralisation de ces centres de contrôle technique.
‘’Dans les autres parties du pays, les essais sont visuels, et les chauffeurs l’ont tellement compris, qu’ils font tout pour immatriculer leurs véhicules hors Dakar. Si vous passez au contrôle à Dakar et votre véhicule ne respecte pas les normes, le système va le rejeter", a-t-il expliqué.
L'expert sur les questions de transports estime que l’accident de Sikilo survenu, dimanche dernier, est sans doute l’un des plus graves en pertes humaines dans l’histoire du Sénégal.
‘’C’est l’accident le plus tragique de l’histoire du Sénégal. Jamais il n’y a eu un accident d’une aussi grande ampleur’’, a affirmé le chef de la Division des ressources humaines du ministère des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement.
Plus de “rigueur” et de “fermeté” dans l’exécution des décisions prises
Il a insisté sur le fait que les nouvelles mesures prises par le gouvernement allaient dans le sens de la protection de travailleurs, des chauffeurs et des autres usagers de la route.
‘’Je pense que si on les applique à bon escient, on ne peut pas faire ce qu’on appelle zéro accident de la route mais elles permettront de réduire les accidents à leur strict minimum'', a dit M. Diop.
Il a suggéré ‘’plus de rigueur'' et de ‘’fermeté'' dans l’exécution des décisions prises lors du conseil interministériel, espérant que le drame de Sikilo suscitera ‘’un choc psychologique chez les autorités’’.
Diop estime qu'''aucun moyen financier ne sera de trop pour la généralisation de ces centres de contrôle technique sur l’étendue du territoire national’’.
‘’Il y a la volonté politique qui a été fortement définie par le président de la République et son gouvernement. Il y a la définition de la politique d’une part et l’exécution d’autre part. Je suis persuadé que ces mesures pourront soulager le secteur, si elles sont appliquées avec rigueur", a-t-il affirmé.
L’expert appelle dans le même temps les usagers de la route et les autorités à veiller à la protection des infrastructures routières, en faisant remarquer qu’un investissement de l’ordre de 80 milliards de francs était nécessaire chaque année pour faire face à la dégradation des routes, alors que le pays n’en dispose de 60 milliards de francs.
A l’en croire, le coefficient de la dégradation de la route est plus élevé entre Dakar et Touba et sur le corridor Dakar-Bamako. Cette situation s’explique selon lui, par la présence des gros camions qui dégradent foncièrement la route.
Il ajoute également que des études de la Banque mondiale montrent que les accidents de la route coûtent à l'Etat 163 milliards annuellement, soit 2% du PIB à côté des embouteillages qui coûtent 108 milliard franc CFA par année.
APS