Les propos tenus à l'endroit du président Macky Sall à cause des dossiers de justice qui interpellent Karim Wade et Khalifa Sall continuent d'incommoder les responsables politiques de l'Alliance pour la République (Apr) du Fouta. Après Farba Ngom, le coordonnateur du département de Matam qui a tenté de porter la réplique aux pourfendeurs de Macky Sall, Abdoulaye Saly Sall, ministre conseiller personnel du président de la République a, à son tour, haussé le ton.
"Ce pays est un pays de droit. Certains disent que tel et tel autre sont écartés de la présidentielle par Macky Sall. Je leur demande qui est écarté ? N'oublions pas que c'est le Conseil constitutionnel qui va valider ou invalider une candidature dès lors que nous sommes tous d'accord que nous sommes dans une République. Et je crois que c'est même manquer de respect à notre justice et aux pratiquants Sénégalais du droit. Parce que dire qu'un président utilise la justice dans un pays comme le Sénégal, c'est vraiment inqualifiable. Je n'ai même pas les mots", a-t-il confié dans un entretien accordé à des journalistes à Matam.
Le ministre-conseiller qui a été invité à se prononcer sur ces affaires judiciaires a contesté un tel pouvoir prêté au président Sall. "D'abord, il n'a même pas les moyens. Et ce sont des Sénégalais qui gèrent la justice des Sénégalais. Il y a l'indépendance de notre justice. Cette justice gérée par des magistrats qui ont été formés, qui sont des chefs de familles, des citoyens sénégalais qui disent le droit au nom du peuple sénégalais. Pourquoi une personne qui vole une chèvre doit être condamnée à des peines d'emprisonnement ? Pourquoi quelqu'un qui commet une infraction est puni ? Et pourquoi donc la justice ne doit pas sévir contre des gens qui pillent les ressources de notre pays ? Est-ce à dire qu'au Sénégal, l'on doit juste punir les voleurs de chèvres et autres objets de moindre valeur et laisser en paix ceux qui volent nos milliards ? Si chacun dans notre pays, doté d'un budget, le pille, on va où finalement ? Est-ce qu'on pourra à la fin du mois payer tous ces fonctionnaires, garantir la fourniture de l'électricité, la sécurité ? Il nous faut comprendre qu'on n'est pas une République bananière, mais un pays de droit".
À ceux-là qui dénoncent une "justice à deux vitesses", il rétorque: "le temps de la justice n'est pas celui des politiciens". Mieux, poursuit-il, "personne ne dit que x ou y sera poursuivi ou non. Quel est le juge qui dans notre pays a dit qu'untel ne va pas être poursuivi ? La justice a fonctionné normalement concernant les dossiers Khalifa Sall et Karim Wade. Il y a certains politiciens qui veulent que l'on condamne les voleurs de moindres calibres et qu'on laisse les pilleurs de budgets d'Etat. On gère le pays avec de l'argent. Mais, si tout un chacun qui dispose d'un budget de l'Etat, détenteur de la carte de militant d'un parti politique détourne des fonds et croit qu'il est ainsi sauvé, là franchement, je dis alors que ce n'est pas la peine", conclut Abdoulaye Saly Sall.