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Me Seydou Diagne : «Khalifa Sall est un otage politique»

POLITIQUE
Jeudi 20 Avril 2017

Ce ne sont ni l'instruction bouclée avec une célérité étonnante, ni la «cabale politique» pour entraver l'ascension politique qui ont entamé la détermination de son client. Incarcéré depuis le 7 mars suite à des accusations de malversations dans la gestion de la caisse d'avance de sa mairie, Khalifa Sall vit coupé du monde à la prison urbaine de Rebeuss à Dakar, avec un confort minimal. Ses visites ont été restreintes et ses communications avec l'extérieur interdites. Dans le cœur de la bataille judiciaire et médiatique, Me Seydou Diagne, l'avocat du maire de Dakar, se confie à la Tribune Afrique sur ce qui attend son client avec en perspective, les législatives de juillet 2017.


Rebeuss-Me Seydou Diagne
Rebeuss-Me Seydou Diagne
La Tribune Afrique : la dernière fois que vous avez rencontré votre client quel était son état d'esprit ?
Me Seydou Diagne : J'ai rencontré un Khalifa Sall très combatif et très lucide. En plus de cela, il est très déterminé pour faire valoir ses droits civils et ses droits politiques au Sénégal.

Le doyen des juges a vite fait de boucler son instruction. A quoi faut-il s'attendre pour votre client ?
Le régime du président Macky Sall fait subir à Monsieur Khalifa Sall une justice expéditive. Donc, la suite serait que le juge demande que M. Khalifa Sall se présenter devant un tribunal pour être jugé. Mais nous ne sommes pas d'accord avec cette procédure, raison pour laquelle nous avons saisi d'autres juridictions comme la Cour d'Appel de Dakar, la Chambre d'accusation et le Conseil constitutionnel pour qu'ils prononcent la nullité de la procédure. La bataille judiciaire pourrait même aller jusque devant la Cour suprême. Mais, il semble que le juge d'instruction veuille éviter cette bataille et nous amener directement devant un tribunal pour que M. Khalifa Sall soit condamné.

Cette procédure parallèle que vous avez initiée risque peut-être de retarder une possible libération de votre client ?
Elle ne pourra pas la retarder puisque dans nos recours, nous demandons aux juridictions saisies d'octroyer à M. Sall, la liberté provisoire. J'ajoute que pour qu'une personne soit jugée, il n'est pas nécessaire qu'elle soit maintenue en détention. Il suffit de la laisser libre et de la convoquer si besoin, surtout lorsque cette personne présente toutes les garanties de représentation en justice, notamment lorsqu'on assure des fonctions de gestion d'une aussi grande ville que Dakar.

Justement sur ce point de la liberté provisoire dont la demande a été rejetée, qu'est ce qui empêche à votre client de l'obtenir ?
Ce sont des raisons politiques. Ils ne veulent pas que M. Khalifa Sall ait la liberté de faire le tour du Sénégal pour faire une campagne pour les législatives de juin 2017, de parler au peuple sénégalais. Dans la prison où il est incarcéré, on lui interdit même l'usage du téléphone, ses visites ont été restreintes et il ne peut donc de communiquer avec le peuple. C'est donc un otage politique et le fait qu'il soit emprisonné est justement une occasion de l'empêcher d'exercer sa liberté de mouvement, d'aller et venir et d'exercer ses droits politiques dans cette campagne pour la formation de sa liste de candidats.

Lors de son audition par le juge, Khalifa Sall aurait contesté la compétence de l'Inspection générale d'Etat (IGE) à enquêter sur les affaires de la Mairie de Dakar. Vous comptez poursuivre cette contestation ?
Bien entendu ! Nous contestons la compétence de l'Inspection générale d'Etat qui, en vertu de la Constitution du Sénégal et du principe de libre administration des collectivités locales, n'a pas le droit de mener des enquêtes sur la Ville de Dakar. C'est l'une des raisons pour lesquelles nous avons saisi la Cour d'Appel de Dakar pour l'annulation de toute la procédure.

Avec les différentes procédures en cours dans l'affaire Khalifa Sall, votre client pourrait-il être libre à temps pour les législatives ?
Nous le souhaitons et le pensons à condition que le droit soit appliqué dans cette affaire. Dans le cas où le droit n'est pas appliqué, comme nous pensons que c'est le cas au Sénégal, cette libération sera plus difficile à obtenir. Mais dans tous les cas, M. Khalifa Sall a le droit d'être libéré immédiatement, le droit d'exercer ses droits politiques et mènera sa campagne qu'il soit en liberté ou en détention.

Si la procédure de libération n'aboutit pas, votre client songe-t-il à mener sa campagne depuis sa cellule de la prison de Rebeuss ?
La décision appartiendra à ce moment à M. Khalifa Sall et à son état-major politique. Il faut rappeler que juridiquement, rien ne s'oppose à cette option si ses conseillers et son staff politique l'amènent à le faire.

Vous êtes confiant quant à l'issue de la procédure ?
Je me répète : nous restons confiants tant que le droit est appliqué dans cette affaire. Sur la forme autant que sur le fond de ce dossier, nous aurons raison parce que de toute façon, la procédure est émaillée de nombreuses violations graves des droits de l'Homme à l'encontre de M. Khalifa Sall. Il y a également des violations graves du code de procédure pénale, de la loi sénégalaise. Au final, sur le fond, il n'y a rien de fondé concernant les accusations à l'encontre de M. Khalifa Sall.
 
Source : La Tribune Afrique

 

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